mercredi 20 novembre 2013

La valeur de l'oeuvre

La qualité d'une oeuvre, du point de vue de son auteur, ne se quantifie pas. Les chiffres de ventes, le nombre de "J'aime" sur Facebook, s'ils mesurent l'engouement que suscite un livre dans le public, ne doivent en rien être interprétés comme des réussites d'un point de vue artistique.

Puisqu'il existe un art d'écrire, il faut bien le défendre un peu! Et cet art ne trouve son chemin vers le lectorat qu'au moyen d'une mise en marché pouvant être efficace ou non. Ainsi, le nombre de copies vendues relève au moins autant (sinon davantage!) de la place qu'occupe le livre sur la tablette du libraire, de la couleur sur la page de couverture que du contenu des pages.

Or l'art littéraire se trouve dans le contenu, qui est un mélange de fond et de forme, inextricables et aussi révélateurs l'un que l'autre, du fait que la seconde est en somme l'expression du premier. Une oeuvre se bâtit à coup de choix esthétiques : un rythme, un lexique, l'originalité d'un point de vue et l'organisation des idées.

Quand on écrit, on se fixe des objectifs qui vont bien au-delà de l'aventure qu'on met en scène. C'est pourquoi, pour un seul sujet, il existe des milliers d'histoires. Le défi réside dans la difficulté de ne pas tomber dans les clichés. Tout peut être dit, mais encore, il y a la manière.

Avec Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?, je voulais un roman de survie, un roman lumineux et émouvant, une ode au courage. Je voulais un livre qui se lise comme une course folle, un livre qui essouffle par la rapidité avec laquelle il se lit. Je voulais une voix, le souffle d'un conteur qu'on entende à la lecture. Eh bien! Je pense bien avoir réussi! En effet, tous les commentaires reçus jusqu'à présent soulignent ces faits.

Je ne voulais pas d'un roman de misère, bien qu'elle soit au coeur de ce livre, la misère. Ç'aurait été trop facile de dépeindre la dureté de la réalité des camps de réfugiés africains et c'est, selon moi, dépourvu d'intérêt. Les journaux existent pour ça. Il m'est arrivé de lire des livres qui font un spectacle de la souffrance et qui s'efforcent d'en montrer la monstruosité. Mais ce genre de texte passe à côté de l'essentiel : on survit à la misère. Voilà pourquoi j'ai pris soin de traiter cet aspect avec un maximum de pudeur. J'ai préféré une forme de lyrisme ou de poésie à la cruauté de scènes plus réalistes dans les moments les plus choquants.  Après tout, il y a de la beauté dans tout, aussi bien le souligner! Il y a, de partout et de tout temps, des gens qui survivent à la mort à force d'espoir et de sourires. Je voulais que ce soit ça, Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?, et c'est précisément ce que j'entends des gens qui l'ont lu.

En outre, je n'ai jamais mis les pieds en Afrique, ce qui ajoute au défi de mettre en place un univers crédible. Il a fallu mettre en place un univers de mots et d'images récurrentes qui traduisent la chaleur, la moiteur, la végétation, les odeurs, le temps qui s'écoule. Et ça passe. On semble y croire.

Les objectifs littéraires semblent bien avoir été atteints. Et ça me fait comprendre que cette oeuvre, à mon point de vue (faut-il le souligner une fois de plus?) est solide. Mamadi, et son histoire, existent. Ce qui me remplit d'une très grande fierté, bien sûr. 

Bref chacun des mots des lecteurs émus par la beauté, le courage, la voix de Mamadi vaut beaucoup plus que des copies vendues, parce qu'ils renforcent mon idée qu'il s'agit d'un livre réussi.

Et si les ventes ne sont pas au rendez-vous? Peu m'importe, ces quelques commentaires me fournissent la garantie toute personnelle qu'il s'agit déjà d'un succès.

Ceci dit, j'aime bien aussi vendre des copies, qu'on ne se méprenne pas!

P.S. : N'hésitez pas à commenter ce billet et, au besoin, à tempérer mes propos.

mardi 5 novembre 2013

Concours : Mamadi rencontre ses premiers lecteurs


L'arrivée de Mamadi fait déjà des heureux. Les premiers lecteurs le découvrent et suivent son histoire à la trace. Voilà qui me donne envie de faire un spécial photographie de ces rencontres. Un concours, tiens! 

Alors, avis à tous les intéressés, faites-moi parvenir une photo de vous et Mamadi pour meubler ce blogue (faites-le sur ma page Facebook en suivant ce lien: https://www.facebook.com/pages/%C3%89tienne-Poirier-auteur/256780907802717). Prenez la photo que vous voulez, à l'endroit de votre choix et la mise en scène qui vous plaît. Je publierai les

photos ici. L'auteur de la plus originale, au goût des lecteurs de ce blogue, se méritera le livre de son choix parmi mes quatre titres. Je dédicacerai l'oeuvre choisie et la ferai parvenir à l'adresse postale du gagnant ou de la gagnante, peu importe l'endroit dans le monde. Si vous désirez faire partie du jury, vous n'avez qu'à commenter ce billet en indiquant laquelle des photos est votre favorite.


Il est important de réaliser que chacune de ces photos sera du domaine public. Alors, de grâce, assurez-vous de ne pas mettre d'images que vous pourriez regretter. Bien entendu toutes ces photos seront offertes gratuitement par leurs auteurs et seront libres de droits. On le fait juste pour rire après tout!

Notez également que le masculin employé ici est un masculin on ne peut plus inclusif, qui se prosterne bien bas devant toutes les représentantes de la gente féminine.

Le concours demeure ouvert jusqu'au 31 décembre. Ensuite, ce sera le moment du vote.

Les premières photos sont chouettes, n'est-ce pas?

Pour le moment, laissons courir!

vendredi 18 octobre 2013

Salon du livre de Montréal

Je serai au Salon du livre de Montréal du vendredi 22 novembre au dimanche 23 novembre 2013 pour faire la promotion, entre autres, de mon dernier roman, Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?

Je serai au kiosque 442, dans la Boîte de diffusion:

  • Le vendredi 22, de 18h à 20h
  • Le samedi 23, de 14h à 16h et de 18h à 20h
  • Le dimanche 24, de 10h à midi et de 16h à 18h 


J'ai déjà hâte de vous y rencontrer!

Je partage ici le lien vers le site officiel du Salon :
http://www.salondulivredemontreal.com/

samedi 12 octobre 2013

Une très, très vieille nouvelle, mais quand même...

La clé de la nuit a été sélectionné par Communication-Jeunesse l'année de sa sortie, soit en 2008. C'est sans doute la raison pour laquelle ce premier roman est encore aujourd'hui mon plus grand hit (quoi que le mot, ici, fasse tout à fait l'objet d'un suremploi)! Et comme il existe un libellé "distinctions" sur ce blogue, je me devais, par acquis de conscience professionnelle, de le mentionner.

Maintenant c'est fait!

jeudi 10 octobre 2013

"Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?" en librairie le 25 octobre.


Voilà, c'est fait et comme le dirait le général romain : le sort en est jeté. C'est lancé, ça échappe désormais à mon contrôle: Mamadi sera sur les tablettes des librairies le 25 octobre. Et je n'y peux plus rien.

L'attente a été longue, mais elle en a valu la peine, c'est toujours une grande fierté de voir un livre naître pour le public. Il faut dire qu'elle a été compliquée, la gestation. Des mois à murir le projet (des années à le sentir germer!). Des  jours de recherche. De longues et innombrables heures d'écriture et de réécriture... Mais il s'agit d'une  joie teintée d'un soupçon d'angoisse. Parce qu'une fois écrit et publié, le livre n'appartient plus à son auteur. Mamadi n'est plus à moi. Il est dorénavant la créature de ceux qui le liront. Car c'est par ses lecteurs qu'un livre existe et j'espère que vous serez nombreux à faire vivre Mamadi et à le regarder courir.

J'ai déjà hâte de lire vos commentaires!

Pour en savoir davantage sur le livre, sa gestation, bref, pour connaître tout ce qui le concerne, cliquez sur le libellé "Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?" ci-dessous ou en tête de la page d'accueil de ce blogue.

samedi 21 septembre 2013

Message de l'éditrice suite à la lecture de "Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?"


"Salut Étienne,


La lecture de ton manuscrit m'a captivée. Une fois commencé, je ne voulais plus le lâcher. Quelle belle écriture! Une histoire touchante. Et la fin, tellement réaliste. Je pense que trop d'enseignants oublient par où sont passés certains des enfants devant eux.

Alors, tu permets que les Éditions du soleil de minuit la publient?"

Ç'a été plus fort que moi, j'ai dit oui.

jeudi 5 septembre 2013

Quelque chose comme la genèse... en version raccourcie

Quand Mamadi est entré dans ma vie, j’avais vingt ans et je suivais un cours sur les contes à l’université. Ça t’étonne? Eh bien oui! Les contes aussi ça s’étudie, surtout quand, comme moi, on adore ça.  Je ne l’ai pas reconnu tout de suite, il faut dire qu’il s’était fait discret. Mais tout de même, il a pris le temps de me faire comprendre qu’un jour j’écrirais son histoire.

Puis je l’ai oublié.

Mais il est réapparu un matin sans que je m’y attende. C’était quatre, peut-être cinq ans plus tard. J’étais devenu professeur de français et, accoudé près de la machine à café dans le salon des enseignants, je discutais avec un nouveau collègue. Cet homme vivait au Québec depuis peu de temps et j’avais envie de le connaître, savoir d’où il tenait son accent, ce genre de choses, tu vois? Mamadi s’est installé entre mon interlocuteur et moi et a tendu l’oreille attentivement. Il a écouté l’aventure de mon nouvel ami et a appris en même temps que moi que cet homme souriant avait vécu une guerre civile et avait séjourné dans des camps de réfugiés avant d’arriver ici. Des épreuves qui, aussi difficiles soient-elles, n’avaient pas réussi à lui ôter son sourire. Mamadi m’a regardé et m’a fait comprendre que, cette histoire, c’était un peu aussi la sienne. J’ai promis de l’écrire.

Malheureusement, j’étais déjà occupé à d’autres projets et, avec le travail, mes deux enfants, les chats… Ce n’est pas que je négligeais de tenir ma parole, c’est juste que parfois, le temps manque.

Il est revenu un jour où j’étais moins occupé et m’a rappelé la promesse que j’avais faite. Je venais d’apprendre qu’une famille amie de la mienne traversait une épreuve des plus tragiques, un véritable cauchemar. Mais ils avaient toujours ce petit quelque chose qui brille au fond de l’œil, cet éclat qui fait comprendre que demain est un trésor. Et Mamadi était là. J’ai compris que cette histoire aussi était un peu la sienne.

Ça m’a touché.

J’ai réagi comme le font les écrivains : j’ai saisi mon crayon et je me suis mis à l’écrire, sa vie. J’ai noté son courage, sa force, mais surtout son sourire et sa joie de vivre qui semblaient inépuisables et je lui ai demandé : « qu’est-ce qui te fait courir, mon petit bonhomme? » Il n’a pas répondu. Il s’est contenté de sourire et m’a renvoyé à mon ouvrage.


mardi 20 août 2013

Des nouvelles de Mamadi 2

Ça y est, la page couverture est maintenant connue et il me fait plaisir de vous la dévoiler avec l'argumentaire de vente du livre: 

Le livre sera disponible en formats papier et numérique auprès de votre libraire en octobre. J'espère que vous serez nombreux à vous le procurer.

Bien sûr, il s'agit une fois de plus d'un roman publié dans une collection jeunesse, mais de l'avis des quelques personnes qui ont eu la chance de le lire (et du mien!), il s'agit d'un roman dense et profond convenant tout à fait à un lectorat adulte et je me plais à imaginer que c'est une histoire à relire et dont l'interprétation se transforme à chaque lecture.

Tout ça pour vous dire que je suis pas mal fier! Ne reste qu'à partager le plaisir de le tenir en main et d'y promener les yeux!

lundi 5 août 2013

Des nouvelles de Mamadi

Ça y est, l'illustration de la page couverture de Qu'est-ce qui fait courir Mamadi? est complète et je la trouve sensationnelle, mon éditrice également. Il ne lui manque que quelques éléments de typographie et elle sera prête pour l'impression. Je vous jure, ça me brûle les doigts de ne pas pouvoir la publier encore. 

Dans le billet précédent, j'ai annoncé que l'image serait réalisée par Marie-Sol Saint-Onge, ce n'est malheureusement plus le cas, l'artiste trifluvienne a dû se décommander, faute de temps. C'est plutôt Jessie Chrétien, une autre artiste de mon coin de pays (elle n'en est pas à ses premières armes en matière de couvertures de livres, voyez un peu son travail: http://www.jessiechretien.com/) qui s'est chargé de cette mission et je dois dire qu'elle a relevé le défi avec brio.

Une chose de faite, donc. Ne reste plus qu'à patienter deux mois avant la sortie du livre! Et à trouver une idée originale pour le lancement...  Vous êtes maintenant plus de 3000 à avoir consulté ce blogue... il y en a bien un ou une parmi vous qui doit avoir un idée! Des suggestions, quelqu'un?



vendredi 28 juin 2013

Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?

Mon troisième roman devrait être sur les tablettes des meilleures librairies cet automne. Il sera également disponible en format numérique.

Le processus éditorial est donc bien enclenché. Révisions, corrections, montage de la maquette, illustration de couverture, quatrième de couverture, communiquée... et, qui sait, peut-être même un lancement?

Parlant de la page couverture, notons que l'illustration  a été confiée à l'artiste Jessie Chrétien.

Notez au passage que vous serez bientôt 3000 à avoir consulté ce blogue. Si vous insistez suffisamment, il me faudra sans doute organiser un nouveau concours pour souligner l'événement!

 En attendant de voir de quoi aura l'air le livre, et puisqu'il faudra patienter jusqu'en octobre pour en savourer les détails, amusez-vous donc un peu à avec le titre : Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?

jeudi 6 juin 2013

La place du personnage

J'ai toujours cru que le rôle du personnage dans la narration était de servir le texte, que, au fond, il n'était qu'un des matériaux constituants de l'histoire et qu'il ne trouvait d'importance que dans la mesure où il servait le récit. Un mal nécessaire, à la limite.

Faut dire que j'ai d'abord fait mes classe en écrivant de la nouvelle, un genre où chaque mot compte et où l'effet prédomine sur l'histoire à proprement parler, du moins dans l'approche que j'en ai.

Jamais, donc, connu de situation où les personnages transcendent l'oeuvre dans laquelle ils évoluent. Bien au contraire, je ne me suis que très rarement posé des questions sur leur passé ou leur avenir, pas beaucoup préoccupé de leur caractérisation, me contentant plutôt, un peu comme le faisait Dostoïevski, de les peindre à gros traits (un chapeau, un vêtement, une attitude) et d'en faire les porteurs d'une valeur et d'en jouer, comme le chat d'une cocotte de papier, à l'intérieur des paramètres de l'histoire.   

Jusqu'à aujourd'hui. 

Parce que je m'adonne à l'écriture d'une première série (j'en suis au tome 2).

J'ai l'habitude, disais-je, de personnages qui servent le texte. Mais dans l'exercice actuel, je suis confronté à une tout autre réalité : celle où le texte devient prétexte à l'évolution du personnage. Finis, donc, les allusions et les sous-entendus, exit les ébauches rapides rappelant celles du maître russe. Parce que, désormais, le personnage doit avoir une vie. Il n'existe plus seulement dans le vase-clos d'un livre, mais doit survivre à la quatrième de couverture. En outre, il doit reprendre vie encore et encore. 

Et doit demeurer reconnaissable.

Ce qui entraîne comme conséquence que c'est le texte qui doit désormais le servir, le mettre en valeur. Mais pour que ça se fasse, il semble bien qu'une caractérisation plus approfondie soit essentielle. Ça lui prend des manies, des expressions qui lui soient propres, des relations personnelles, bref le relief nécessaire à porter le poids d'une oeuvre s'étalant sur plus d'un livre puisqu'il devient, en quelque sorte le seul liant entre des histoires qui n'auraient pas de lien entre elles si ce n'était de lui.

Une approche du personnage qui est à l'extrême opposée de celle à laquelle je suis accoutumé. Et à laquelle je dois m'habituer!

Pour en connaître un peu plus ( et j'insiste sur "un peu"!) sur ladite série, j'en glisse un mot dans l'entrevue que j'ai accordée aux Trois Mousquetaires et que vous pouvez suivre en suivant ce lien : http://lestroismousquetaireslectures.blogspot.ca/2013/05/auteur-etienne-poirier.html.

mercredi 29 mai 2013

Encore un blogueur...

Il y a de ça un moment, j'ai été approché pour répondre à quelques questions sur un blogue. Eh bien, l'exercice oublié depuis longtemps porte ses fruits aujourd'hui! Vous pouvez lire mes réponses en suivant ce lien: http://lestroismousquetaireslectures.blogspot.ca/2013/05/auteur-etienne-poirier.html 

Écrire en série...

Je n'ai jamais écrit de séries, jamais même songer à le faire. Pourtant, ce matin, je me lance dans l'écriture d'un tome 2. 

Pour la première fois.

Ça me fait drôle. Même que ça me trouble un peu.

Je n'ai jamais apprécié les histoires qui ne finissent pas. J'aime d'un livre qu'il se lise comme une bulle d'humanité, une rencontre qui s'ouvre sur la première page et qui se clôt en refermant la couverture. J'aime les histoires qui bercent un temps, puis s'endorment sur la tablette de la bibliothèque en laissant un souvenir qui s'éveille au moment où on pose les yeux sur leur épine, colonne vertébrale de la trace du moment qu'on a passé avec eux.

Mais les séries? À part au hockey, très peu pour moi.


Jeune adulte, j'ai bien lu les quatre premiers tomes de la je-sais-pas-trop-combien-logie des Malaussène, de Daniel Pennac, avant de m'en lasser; puis la trilogie d'Ernesto Sabato, qui, elle, est véritablement magistrale.


Je pense bien que ça fait le tour de mon expérience dans le domaine.

J'ai toujours eu l'impression que les série étaient une forme maquillée de mercantilisme qui tient le lecteur en otage, un peu comme la carotte qui force le baudet à avancer et qui permet à celui qui tient le bâton de tirer profit de la naïveté de l'animal. J'ai toujours cru qu'elles étaient le symptôme le plus criant de l'incapacité d'un auteur à se renouveler, un préjugé pleinement assumé.

Sauf que les séries, ça marche. Et c'est, mises à part quelques exceptions, ce qui permet aux auteurs de vivre de leur art et, ma foi, de se consacrer à des projets plus ambitieux et substantiels!

Les séries, ça marche. En littérature pour la jeunesse, surtout.

Mes enfants sont jeunes et ils en lisent, des séries. Merde. J'aimerais bien qu'ils lisent autre chose, mais, vous savez comment ils sont, les enfants : veulent toujours faire comme celui d'à côté. Et celui d'à côté, ce qu'il lit, c'est justement le tome 4 d'une série!

Mes gars sont fiers d'avoir un papa écrivain. Même si à peu près personne ne lit ce que j'écris. Même pas eux, au final.

J'ai envie de faire plaisir à mes enfants. De bercer leur imaginaire à mon tour avec un personnage qu'ils suivront comme un âne sa carotte. De me servir de mon métier pour leur plaire, les faire rêver un peu. En faire rêver d'autres, peut-être, au passage.

Pas nécessairement artistique comme démarche, j'en conviens.

Mais paternel, en tout cas.

jeudi 23 mai 2013

Concours du 2000ième visiteur, suite et fin

Il y a une semaine, Papiers épars franchissait le cap des 2000 visites. Dans une envolée enthousiaste, j'ai décidé d'organiser ce concours offrant à l'auteur du meilleur commentaire publié une de mes publications au choix.

Eh bien! le concours est terminé. J'ai lu chacun des commentaires avec plaisir. Chacun fait chaud au coeur à sa façon, mais deux d'entre eux se sont distingués et ont rendu le choix difficile (vous pouvez les lire sur Une paternité nouvellement assumée).

Mais comme il fallait choisir...

La gagnante est Dannie Rousseau, qui raconte le trajet qu'a dû suivre La clé de la nuit pour atteindre sa table de chevet, puis sa bibliothèque. Je trouve plus que joli d'avoir décidé de parler de ce roman d'aventure en en contant... l'aventure, justement! Intéressant également pour un auteur de constater que son livre voyage un peu partout sur la planète.

Bref, ce sont en gros les raisons qui ont motivé mon choix.

La gagnante, elle, a choisi La malédiction de Carcajou, le seul qu'elle n'avait pas encore. Il est dédicacé, l'enveloppe est scellée et sera déposée à la poste aujourd'hui même.

En attendant que le livre trouve son chemin jusqu'à chez elle, je remercie tous les participants de l'intérêt qu'ils ont manifesté et des bons mots qu'ils se sont donné la peine de me partager.

Merci mille fois à tous, même à toi! Oui, toi qui te caches derrière l'écran de ton ordinateur!

Étienne

mercredi 15 mai 2013

2000 visiteurs!


Selon les statistiques officielles de Blogger.com, "Papiers épars" a accueilli son deux-millième visiteur aujourd'hui. Parmi ceux-ci, on compte des lecteurs, des amis, des gens curieux de connaître un peu mieux mon travail d'écrivain, des googleurs égarés et, sans doute, quelques robots spameurs est-européens.


Je tiens à les remercier tous.

Et voilà qui me donne envie de vous offrir un cadeau. Tiens, j'offre un de mes livres au choix (La clé de la nuit, L'envol du pygargue ou encore La malédiction de Carcajou) à celui ou à celle qui laissera le meilleur commentaire sur le billet de son choix d'ici le 22 mai. Le livre sera envoyé par la poste régulière une fois le concours terminé, peu importe le lieu de résidence le l'auteur du commentaire, promis. Il vous suffira de laisser une adresse courriel (afin que je puisse vous rejoindre pour obtenir vos coordonnées postales) dans votre message.

Composition du jury : moi.

Soyez nombreux à participer et bonne chance!
 

jeudi 9 mai 2013

Écrire, cette drôle de bête

Ceux qui, comme moi, s'intéressent à l'écriture narrative seront enchantés d'apprendre que tout plein d'auteurs ont participé à une initiative, simple mais ô combien intéressante, de la blogueuse Marie-Jo, du blogue Interviews d'auteurs Québécois (interviews-auteurs-quebecois.blogspot.ca). La proposition était la suivante : répondre à trois questions apparemment simples : comment se préparer avant d'écrire les premières lignes de son manuscrit; comment rendre son roman captivant; comment augmenter les chances que son manuscrit soit sélectionné par un éditeur.

Les réponses sont regroupées dans un document PDF, disponibles pour téléchargement et gratuites. Il ne suffit que de cliquer sur l'icône "Des auteurs québécois vous répondent!" pour les lire.

Si vous êtes curieux de lire les miennes, elles s'y trouvent.

Vous pouvez aussi lire l'entrevue que je lui ai accordée l'automne dernier en suivant le lien qui suit : http://interviews-auteurs-quebecois.blogspot.ca/2012/11/etienne-poirier-auteur.html.

mardi 30 avril 2013

Zoom sur zoizos z'urbains




J'ai eu la chance de m'éclater avec l'artiste Marie-Josée Maltais et de mettre sur pied une exposition de peinture - ceux et celles qui me connaissent bien savent à quel point j'aime les arts picturaux!

Le concept est le suivant : exposer les affiches commerciales d'un village d'oiseaux. Dès le 5 mai 2013, en franchissant les portes du Café-Cognac, vous aurez la chance d'expérimenter une promenade dans les rues de Saint-Pit.

Venez nombreux et partagez le plaisir que nous avons eu, Marie-Josée et moi, à mettre en scène cet univers volatile.

jeudi 18 avril 2013

L'imposture


Les écrivains sont des personnages plus grands que nature, leur métier est noble, leur oeuvre est essentielle à la compréhension du rapport entre les humains.


Ils ne sont pas tous comme ça, je le concède.

Mais ceux à qui je m'identifie (attention : je n'ai surtout pas dit "à qui je me compare"!) le sont. Je fais référence aux Garcia Marquez, Anne Hébert, Kafka, Kundera, Aquin, Vargas Llosa, Shakespeare, Hemingway, Ferron, Laferrière et la liste pourrait s'étirer.

Un mythe les entoure. Et c'est intimidant.

Leur poids me pèse à chaque fois que je m'installe devant mon ordinateur pour écrire. Je souffre d'un sentiment d'imposture qui me rend mal à l'aise vis-à-vis de mon propre exercice d'écriture. Une impression constante de ne pas être à la hauteur.

Il devient évident qu'il s'agit d'un sentiment dont je devrai m'affranchir un jour ou l'autre. J'ai pris l'habitude de m'éclairer à la lumière de leur aura, je dois constater qu'ils me font ombrage, que les livres qu'ils ont écrit n'ont pas nécessairement besoin de la majuscule dans leur titre. Que la grandeur de leur auteur, si elle existe toutefois, réside dans le geste qu'ils ont posé maintes fois et qui consiste simplement à aligner des mots et à faire vivre un univers empreint de leur propre humanité, bref à écrire. Et que ça, ça m'est permis. Il faut que ça le soit. 

J'ai écrit plus tôt que j'avais du mal à me mettre au travail sans avoir l'impression de produire quelque chose de majeur.

C'est encore vrai.

Et c'est lourd.

Peut-être est-il temps que ça cesse et que je me contente finalement de faire ce foutu livre auquel je me butte depuis trop longtemps. Ce sera ça de fait. De toute manière la taille de la majuscule dans le titre sera déterminée par d'autres...

Mais en attendant, elles me brûlent les doigts, les touches de mon clavier...


vendredi 5 avril 2013

Une paternité nouvellement assumée


Étrange le point de vue qu'on a sur les choses.

Hier, j'ai discuté, avec la bibliothécaire d'une école que je dois visiter en mai, de mon roman La clé de la nuit. Elle me disait à quel point sa lecture l'a passionnée et combien elle a adoré cette oeuvre. Elle n'avait que de bons mots à mon endroit et je l'en remercie. Sauf que cet échange m'a un peu déstabilisé, parce que je ne partageais pas, mais alors pas du tout son opinion.

Alors, j'ai décidé de me taire et de l'écouter.

Et c'est là que ça devient intéressant.

Bien sûr, ce texte a des qualités reconnues, il a été sélectionné par Communication-Jeunesse, un organisme crédible et influent dans le milieu de la littérature pour la jeunesse, lors de sa parution. C'est un roman qui plaît en général et qui, somme toute, a été assez bon pour qu'un éditeur y risque ses deniers.

C'est ça de pris.

Sauf qu'il s'agit d'une oeuvre dont j'ai du mal à assumer la paternité, contrairement à L'envol du pygargue, sa suite.

J'ai écrit La clé de la nuit comme on joue à un jeu. Jusqu'alors, je n'avais publié que des nouvelles dans des revues spécialisées (vous pouvez en trouver les liens dans la rubrique Bibliographie de ce blogue), des trucs à mille lieues de ce roman. Au départ, mon projet était le suivant : écrire une oeuvre littéraire destinée aux élèves de l'école où je travaillais. Il n'avait que des visées didactiques. Puis, je me suis lancé un défi : pour la première fois de ma vie, j'ai désiré faire long; voir si je pouvais pousser un récit plus loin qu'un flash, qu'un moment isolé de la vie, bref m'extirper de la brièveté. Ce que j'ai fait, mais sans autre ambition. L'idée de contacter des éditeurs et d'en faire un livre bien réel n'est venue qu'après. Mon enjeu n'était que d'aligner les phrases et de produire un récit d'aventure, une séquence d'événements dans un ordre logique, ce qui a eu pour effet de me tenir loin de la proximité du lien personnel entre l'auteur et le texte que je crois essentielle à la qualité de la narration et qui fait la grandeur des oeuvres.

Du moins, ça, c'est mon point de vue.

J'ai même essayé de le relire, ce livre. Une fois. Et j'en ai été incapable.  

L'inverse s'est produit lors de l'écriture de L'envol. Cette fois, c'est la nécessité qui m'a poussé à écrire. J'avais le sentiment de devoir le produire. D'avoir quelque chose à dire. D'être dedans à chaque page. Je m'y suis plongé sans pudeur, je m'y suis bousculé, mis à l'épreuve, j'ai vécu à travers son écriture. Il fallait que je le fasse. Et j'ai le sentiment d'avoir atteint quelque chose de fondamental en l'écrivant, quelque chose de profondément humain qui me ressemble à moi, mais qui va au delà de moi-même. Bref, celui-ci, je l'ai relu avec plaisir et satisfaction.

Mais ça aussi, ce n'est que mon point de vue.

Si on croit, comme je le fais, que l'oeuvre littéraire n'existe que dans les yeux de celui ou celle qui la lit, mon point de vue ne vaut guère plus que celui de quelque lecteur que ce soit. Et c'est peut-être dans cette proximité-là que je dois reconnaître la valeur de La clé de la nuit, et ce, même si l'exercice s'avère impossible puisque, au bout du compte, la seule paire d'yeux que je possède, c'est la mienne.

Au final, tout ce que je peux faire, c'est de croire sur parole les commentaires bons ou mauvais. Et de laisser parler.

Et c'est ce que j'ai fait hier. Je n'ai pas offert de résistance. J'ai oublié mon insatisfaction à l'égard de mon livre. Et ça m'a réconcilié. Un peu à la manière d'un père borné qui réalise tout à coup la valeur de son fils mal aimé. J'assume mieux et je reconnais, finalement, les qualités que recèle La clé de la nuit. J'ai laissé parler Caroline et je me suis abreuvé à son enthousiasme. Je l'ai écouté venir au monde dans ses mots à elle, je l'ai relu avec ses yeux.

En quelque sorte.

Et, soudainement, je l'ai aimé pour ce qu'il est.

Merci Caroline.

samedi 23 février 2013

Quand Infoman se charge de ma promo...

Voyez ce que ça donne en suivant le lien.

Surtout, ne clignez pas des yeux entre 1 min. 20 et 1 min. 22!

http://www.exploratv.ca/videos/le-mystere-du-carcaj

vendredi 8 février 2013

Atteindre le sommet sans tomber dans le vide


C'est, du moins je le crois, ce qui unit les alpinistes, les parachutistes, les bungeeistes et les artistes : la peur du vide qui se trouve entre le désir de l'accomplissement et la capacité réelle d'accomplir. Entre la vision et la réalisation, il y a, il faut bien l'admettre, un creux qui parfois donne le vertige.

J'ai, pour ma part, le sentiment de me tenir constamment au bord du précipice. 

Être alpiniste, j'imagine que je commencerais par l'Everest, quitte à y laisser ma peau. Il faut dire que je n'arrive que difficilement à me mettre au travail sans avoir la conviction d'écrire une oeuvre majeure. Écrire pour écrire, à quoi bon? J’ai essayé, je le regrette.

Dans la vision que j'ai de la littérature (et j'y inclus la littérature pour la jeunesse), une oeuvre doit surprendre, émouvoir, se poser comme une épreuve tranquille d'où l'auteur et le lecteur ne peuvent ressortir que transformés, grandis, à tout le moins changés. Je veux écrire des livres qui passeront à l’histoire, du moins à celle de ceux qui les liront, des livres qui s’adressent tant au cœur qu’à la tête. 

C'est la vision que j'ai de ma pratique d'écriture et de l'art que j'exerce.

Or, comme mentionné plus haut, cette posture n'a rien de confortable, bien au contraire. Confronté à la montagne, il doit bien se sentir tout petit, l'alpiniste! Mais c’est également là que réside l’exploit qu’il est en voie de réaliser. En jouit-il? J’ai la certitude qu’à chaque moment il ne le fait pas. Que les épreuves et les sacrifices qu’il s’impose durant la montée le font hésiter, se remettre en question, qu’à l’occasion il a envie de rebrousser chemin et que ce n’est qu’une fois la tâche accomplie qu’il se sent grand, content, satisfait à condition, bien sûr, d’avoir atteint le sommet. 

J'ai entendu, un jour, l'auteure québécoise Kim Thuy candidement parler de son expérience d'écriture, qu'elle qualifiait de jubilatoire. Elle disait à quelle point les mots la comblaient et combien l'acte d'écrire la remplissait de plaisir (a-t-elle parlé de jouissance?). Je n'ai jamais rien ressenti de tel. Non. De la satisfaction une fois le travail terminé, bien sûr! Mais de là à jouir de l'écriture, ça non!

Je dois avouer que son discours m'a rendu un peu jaloux, mais bon, ce n'est pas le sujet de ce billet. Je ne doute pas  de son intégrité ni de sa démarche ni de son talent, bien au contraire, je me suis délecté de . J’assume ma jalousie, j’aimerais aussi écrire en état de grâce plutôt qu’en état de déséquilibre.

On ne peut vivre dans l'angoisse constante, Laborit nous l'a bien enseigné, sauf que l'écart qui se creuse entre le vouloir dire et la capacité de le faire s'apparente souvent à une perte de prise dans le réel, à un vertige difficilement soutenable. Du moins, je le ressens de cette façon. Il y a une sorte d'abyme, un trou qui se creuse, où se loge la vision initiale de l'oeuvre en cours, et dont la langue ne peut rendre compte qu'en se tenant à la périphérie. 

N'est-ce pas d'ailleurs le propre des trous, de n'exister que par leur pourtour? 

Il y a une angoisse inhérente à viser un objectif évanescent, une cible qui se dérobe sans cesse. La question qui se pose devient alors celle de l’« à quoi bon? ». À quoi bon se donner tant de peine pour une visée inatteignable (l’histoire ne se dicte pas, elle rend ses verdicts après coup!)? À quoi bon s’imposer un cadre, des visées, des règles qui ne seront, au final, pas reconnues par la plupart des lecteurs? Bref, à quoi bon écrire? Peut-être est-ce ce qui se trouve au cœur de ma démarche : relever des défis esthétiques et humains qui sont condamnés à passer inaperçus, me lancer à la poursuite du vide?

Pourquoi tant de mal pour autant de futilités?

Il me semble que ça devient tout à coup évident : ce sont les défis et les difficultés qui font que l'exercice en vaut la peine. Et l'Histoire? Elle retiendra bien ce qu'elle veut, il suffit d'en parler à sir Edmund Hillary!