mardi 30 avril 2013

Zoom sur zoizos z'urbains




J'ai eu la chance de m'éclater avec l'artiste Marie-Josée Maltais et de mettre sur pied une exposition de peinture - ceux et celles qui me connaissent bien savent à quel point j'aime les arts picturaux!

Le concept est le suivant : exposer les affiches commerciales d'un village d'oiseaux. Dès le 5 mai 2013, en franchissant les portes du Café-Cognac, vous aurez la chance d'expérimenter une promenade dans les rues de Saint-Pit.

Venez nombreux et partagez le plaisir que nous avons eu, Marie-Josée et moi, à mettre en scène cet univers volatile.

jeudi 18 avril 2013

L'imposture


Les écrivains sont des personnages plus grands que nature, leur métier est noble, leur oeuvre est essentielle à la compréhension du rapport entre les humains.


Ils ne sont pas tous comme ça, je le concède.

Mais ceux à qui je m'identifie (attention : je n'ai surtout pas dit "à qui je me compare"!) le sont. Je fais référence aux Garcia Marquez, Anne Hébert, Kafka, Kundera, Aquin, Vargas Llosa, Shakespeare, Hemingway, Ferron, Laferrière et la liste pourrait s'étirer.

Un mythe les entoure. Et c'est intimidant.

Leur poids me pèse à chaque fois que je m'installe devant mon ordinateur pour écrire. Je souffre d'un sentiment d'imposture qui me rend mal à l'aise vis-à-vis de mon propre exercice d'écriture. Une impression constante de ne pas être à la hauteur.

Il devient évident qu'il s'agit d'un sentiment dont je devrai m'affranchir un jour ou l'autre. J'ai pris l'habitude de m'éclairer à la lumière de leur aura, je dois constater qu'ils me font ombrage, que les livres qu'ils ont écrit n'ont pas nécessairement besoin de la majuscule dans leur titre. Que la grandeur de leur auteur, si elle existe toutefois, réside dans le geste qu'ils ont posé maintes fois et qui consiste simplement à aligner des mots et à faire vivre un univers empreint de leur propre humanité, bref à écrire. Et que ça, ça m'est permis. Il faut que ça le soit. 

J'ai écrit plus tôt que j'avais du mal à me mettre au travail sans avoir l'impression de produire quelque chose de majeur.

C'est encore vrai.

Et c'est lourd.

Peut-être est-il temps que ça cesse et que je me contente finalement de faire ce foutu livre auquel je me butte depuis trop longtemps. Ce sera ça de fait. De toute manière la taille de la majuscule dans le titre sera déterminée par d'autres...

Mais en attendant, elles me brûlent les doigts, les touches de mon clavier...


vendredi 5 avril 2013

Une paternité nouvellement assumée


Étrange le point de vue qu'on a sur les choses.

Hier, j'ai discuté, avec la bibliothécaire d'une école que je dois visiter en mai, de mon roman La clé de la nuit. Elle me disait à quel point sa lecture l'a passionnée et combien elle a adoré cette oeuvre. Elle n'avait que de bons mots à mon endroit et je l'en remercie. Sauf que cet échange m'a un peu déstabilisé, parce que je ne partageais pas, mais alors pas du tout son opinion.

Alors, j'ai décidé de me taire et de l'écouter.

Et c'est là que ça devient intéressant.

Bien sûr, ce texte a des qualités reconnues, il a été sélectionné par Communication-Jeunesse, un organisme crédible et influent dans le milieu de la littérature pour la jeunesse, lors de sa parution. C'est un roman qui plaît en général et qui, somme toute, a été assez bon pour qu'un éditeur y risque ses deniers.

C'est ça de pris.

Sauf qu'il s'agit d'une oeuvre dont j'ai du mal à assumer la paternité, contrairement à L'envol du pygargue, sa suite.

J'ai écrit La clé de la nuit comme on joue à un jeu. Jusqu'alors, je n'avais publié que des nouvelles dans des revues spécialisées (vous pouvez en trouver les liens dans la rubrique Bibliographie de ce blogue), des trucs à mille lieues de ce roman. Au départ, mon projet était le suivant : écrire une oeuvre littéraire destinée aux élèves de l'école où je travaillais. Il n'avait que des visées didactiques. Puis, je me suis lancé un défi : pour la première fois de ma vie, j'ai désiré faire long; voir si je pouvais pousser un récit plus loin qu'un flash, qu'un moment isolé de la vie, bref m'extirper de la brièveté. Ce que j'ai fait, mais sans autre ambition. L'idée de contacter des éditeurs et d'en faire un livre bien réel n'est venue qu'après. Mon enjeu n'était que d'aligner les phrases et de produire un récit d'aventure, une séquence d'événements dans un ordre logique, ce qui a eu pour effet de me tenir loin de la proximité du lien personnel entre l'auteur et le texte que je crois essentielle à la qualité de la narration et qui fait la grandeur des oeuvres.

Du moins, ça, c'est mon point de vue.

J'ai même essayé de le relire, ce livre. Une fois. Et j'en ai été incapable.  

L'inverse s'est produit lors de l'écriture de L'envol. Cette fois, c'est la nécessité qui m'a poussé à écrire. J'avais le sentiment de devoir le produire. D'avoir quelque chose à dire. D'être dedans à chaque page. Je m'y suis plongé sans pudeur, je m'y suis bousculé, mis à l'épreuve, j'ai vécu à travers son écriture. Il fallait que je le fasse. Et j'ai le sentiment d'avoir atteint quelque chose de fondamental en l'écrivant, quelque chose de profondément humain qui me ressemble à moi, mais qui va au delà de moi-même. Bref, celui-ci, je l'ai relu avec plaisir et satisfaction.

Mais ça aussi, ce n'est que mon point de vue.

Si on croit, comme je le fais, que l'oeuvre littéraire n'existe que dans les yeux de celui ou celle qui la lit, mon point de vue ne vaut guère plus que celui de quelque lecteur que ce soit. Et c'est peut-être dans cette proximité-là que je dois reconnaître la valeur de La clé de la nuit, et ce, même si l'exercice s'avère impossible puisque, au bout du compte, la seule paire d'yeux que je possède, c'est la mienne.

Au final, tout ce que je peux faire, c'est de croire sur parole les commentaires bons ou mauvais. Et de laisser parler.

Et c'est ce que j'ai fait hier. Je n'ai pas offert de résistance. J'ai oublié mon insatisfaction à l'égard de mon livre. Et ça m'a réconcilié. Un peu à la manière d'un père borné qui réalise tout à coup la valeur de son fils mal aimé. J'assume mieux et je reconnais, finalement, les qualités que recèle La clé de la nuit. J'ai laissé parler Caroline et je me suis abreuvé à son enthousiasme. Je l'ai écouté venir au monde dans ses mots à elle, je l'ai relu avec ses yeux.

En quelque sorte.

Et, soudainement, je l'ai aimé pour ce qu'il est.

Merci Caroline.