mercredi 23 juillet 2014

Écrire avec la rage

Je suis en train de mettre la touche finale à un livre, un tout petit roman qui s'adresse à des premiers lecteurs. On parle d'un texte tout court, écrit en un peu moins de trois semaines.

Mais mon intérêt n'est pas, ce matin, de parler de cette histoire, mais plutôt d'explorer l'état d'esprit dans lequel elle a été écrite.

Normalement, lorsque je m'installe pour travailler, j'aime me mettre dans un état assez neutre (café, musique, lecture des actualités font partie de ma préparation). Une routine stricte, en somme, qui assure l'équilibre et la continuité du texte, me semblait-il. Or, dans ce cas-ci, il en est allé tout autrement. En effet, la nécessité d'écrire ce livre (celle d'écrire, devrais-je dire) est née d'une vive frustration tout à fait extérieure à mon travail d'écrivain, une frustration telle que l'écriture m'a semblé le seul refuge possible, le seul moyen de redonner un sens à ma vie. 

Bon, c'est un peu fort, j'en conviens. Mais, n'empêche, au moment de me mettre au travail, c'est bel et bien l'état d'esprit qui m'habitait.

J'ai donc commencé par contacter ma maison d'édition pour leur annoncer qu'ils auraient un nouveau titre de ma part dans la semaine.

C'était ambitieux.

Mais cette rage qui m'a fait poser les doigts sur le clavier s'est avérée un vecteur puissant. Elle a donné du rythme à mon écriture et a permis de laisser aller les idées, que je me suis efforcé de coucher sans retenue sur le clavier de mon ordinateur. Il faut comprendre que j'ai l'habitude de peser chaque mot et que mon rythme d'écriture  normal est très, très lent. Je pense soigneusement les phrases, m'applique à la ponctuation avec une minutie qui frise la maladie mentale. Mais dans ce cas-ci, je me suis permis de "vomir" mon texte, il fallait que je le fasse, c'était une question d'équilibre. 

Et les résultats ont été au rendez-vous.

Bien sûr, la rage s'est apaisée en cours de projet (après l'écriture du premier quart du livre), mais j'ai continué de m'efforcer à écrire avec un rythme soutenu et spontané, sans retenue. Comme le temps de réalisation du projet était également un facteur, j'ai écrit le matin, le soir, dans tous mes temps libres, ce que je ne fais jamais en temps normal (j'ai l'habitude de privilégier une plage horaire fixe). 

Routine, que je dis.

Je me suis donc placé hors de ma zone de confort. J'ai coutume de le faire au niveau thématique et formel, mais pas dans mes habitudes de travail. C'était donc une première. Et ç'a été fructueux.

Finalement, la rage a fini par passer et le texte est complété outre quelques ajustements mineurs. L'éditrice est intéressée à donner suite au projet, les beta-lecteurs sont satisfaits. Il y aura donc fort probablement un livre. Mais il reste une leçon que j'ai apprise et que je vais m'efforcer de retenir, voire de me répéter le plus souvent possible : il n'est pas nécessaire de tout contrôler, écrire peut relever d'une pulsion frénétique.

Pour ce qui est des détails sur ce projet, il faudra faire preuve de patience. Les nouvelles viendront bien assez vite.