lundi 14 décembre 2015

Commentaire de bétalectrice

Il faut que je le partage.

Je n’ai jamais autant été bétalu de ma vie. Un de ceux à qui j’ai fait lire mon dernier manuscrit  a une amie qui est dans le milieu du livre en Belgique et il m’a demandé la permission de lui faire lire mon roman. Voici ce qu'elle en a pensé : "Quel magnifique livre!!! il doit être édité!!! J'aime beaucoup l'enracinement auquel l'auteur donne toutes ses couleurs( langue locale, paysage...) J'aime beaucoup alors le déracinement vers [la ville] avec son lot d'horreurs, cassant l'innocence de l'enfant, faisant de lui un homme dur! J'ai relevé quelques fautes d'orthographe. Pour le reste, c'est du bonheur! Bravo!"

Puis, il lui a demandé s'il pouvait avoir un intérêt européen : "Oui mais avec un avant-propos "historique" afin que l'on comprenne davantage les effets qu'il y a eu sur ces populations. Cependant, sans cela ce livre est empreint de poésie et de sentiments qui touchent le cœur. Ne sachant pas l'histoire réelle, j'ai été  touchée!"


"Je trouve que c'est un manuscrit fait pour les grands ado, les jeunes adultes. Je ne vois pas ce livre dans une collection mais plutôt à être édité seul. Ce livre est tellement unique que je le vois mal dans une collection! Tant de problèmes y sont abordés comme celui de la religion aussi, sous couvert d'éducation. A toi de voir avec l'auteur, mais c'est du bon !!!" 

Je commence à véritablement avoir très, très hâte qu'il se retrouve sous presse, ce livre!

lundi 30 novembre 2015

La perfection se trouve dans les détails


"Les détails font la perfection, et la perfection n'est pas un détail". Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Léonard de Vinci.


Je suis loin de m'imaginer avoir la capacité de produire un livre parfait et je ne crois pas qu'une telle oeuvre existe. En revanche, je conçois mal qu'un auteur puisse se contenter de demi-mesures. Chaque projet de livre naît d'une vision qui, elle, se présente comme une oeuvre idéalisée et le processus de création et d'écriture revient à tout faire concourir dans l'atteinte d'un seule visée : se rapprocher au plus près de cette idée inatteignable. En somme, l'idée de perfection doit se concevoir comme étant le point le plus près de la vision idéale qu'un auteur a de son texte.

Il importe donc d'avoir une vision claire et précise des enjeux.

Dans l'écriture de mon dernier roman (à paraître début 2016), je me suis imposé quelques contraintes auxquelles je tiens mordicus (voir Le travail du funambule). 

J'ai terminé le livre. Les bêta-lecteurs ont aimé. Il a plu à l'éditrice.

Le travail éditorial s'est mis en branle, suscitant chez moi l'enthousiasme habituel. Mais en relisant, un peu au hasard, un court passage, j'ai réalisé que tout mon projet prenait le champ. En quelques mots, je commettais l'embardée qui menaçait l'ensemble de l'oeuvre et son équilibre. Une faute grave qui m'éloignait de cette vision à laquelle je m'étais accroché à chaque page, chaque phrase, chaque mot de mon travail. La faute, je l'imagine, a pu paraître anodine pour ceux et celles qui on lu et commenté le texte puisque personne ne l'a relevée. Mais, pour moi, elle est apparue comme une poutre dans mon oeil, une bévue qui m'aurait empêché d'assumer totalement ce livre.

Quelques mots, une ou deux virgules qui m'auraient emporté à des lieues de la perfection imaginée.

Alors j'ai tout fait arrêter. Et j'ai procédé au sauvetage.

Bon. Cette tournure peut paraître pompeuse.

Disons plutôt que j'ai bûché et pioché pendant quelques heures pour rectifier ce passage problématique; fait quelques ajustements, qui pourraient sembler mineurs, mais qui, pour moi, revêtent une importance capitale et, surtout, qui font que désormais je peux assumer complètement ce livre. Parce que j'ai le sentiment véritable de m'être approché au plus près de cette perfection à laquelle j'ai aspiré en l'écrivant tout en évitant l'écueil qui aurait fait sombrer mon navire. 




mardi 3 novembre 2015

Se faire prendre au jeu

Petit témoignage de rien du tout.

Pour écrire efficacement un texte percutant, il est essentiel que l'auteur s'investisse totalement et sans retenue, tant du point de vue émotif qu'intellectuel. C'est, à mon sens, une des clés de l'authenticité et de l'originalité que je recherche dans la littérature, que je l'écrive ou que je la lise. C'est à cet investissement qu'on doit les images, les tournures et les effets qui marquent. Bref, écrire est exigeant du point de vue émotionnel autant que ce l'est pour le cerveau.

Il m'est arrivé à quelques reprises de me surprendre moi-même en cours d'écriture à la lumière d'une idée. Je me suis même félicité à quelques reprises d'une trouvaille originale qui enrichit un texte en travail. J'ai déjà souri en partageant la joie d'un personnage et ressenti une colère contenue en souffrant une injustice produite par moi dans un de mes textes.

Mais jeudi dernier, en mettant la touche finale à mon plus récent projet, il m'est arrivé un fait inusité : j'alignais des mots comme à l'habitude, maniais la ponctuation, comme d'ordinaire quand ma gorge s'est soudainement nouée. Si bien que, avant de mettre un point presque final à mon histoire, j'ai dû sécher une larme au poignet de ma chemise.


mardi 20 octobre 2015

Alors, je signe ou pas?


Nouveau contrat pour un nouveau roman à paraître... Il est encore trop tôt pour préciser une date de sortie, mais, n'ayez crainte, je vous tiendrai au courant. En attendant, il me fait plaisir de vous partager ma joie et d'apposer ma signature à l'endroit ci-indiqué!

Dans le cas où vous voudriez en savoir un peu plus sur la démarche qui a mené à ce contrat, vous pouvez consulter ces deux billets: Écrire pour son publicLe travail du funambule.


jeudi 15 octobre 2015

Mise en nomination pour "Malédictions au manoir"


L'oeuvre collective Malédictions au manoir publiée chez Dominique et compagnie est finaliste au prix Tamarac du réseau des bibliothèques de l'Ontario, l'annonce en a été faite aujourd'hui.


Bravo à mes 6 coauteurs! 

Pour avoir accès au site officiel et pour en savoir davantage sur les autres oeuvres finalistes, suivez ce lien.

mardi 15 septembre 2015

Écrire... pour son public?

Je t'aime, lecteur, avant toute chose, il faut que tu le saches. Sauf que notre relation n'est pas si simple...

Il est vrai que sans la présence des lecteurs, les histoires n'existent pas. Il n'y a que des livres muets et inutiles. Il est vrai que connaître le public à qui on destine les oeuvres est fondamental d'un point de vue éditorial et, surtout, commercial.

Mais à partir de quel moment, dans le processus de création, doit-on en prendre conscience? À quelle étape doit-on s'adresser à lui? J'oserais même : doit-on s'en préoccuper lorsqu'on écrit?

Je ne sais pas.

En fait, oui, je sais.

On peut écrire pour la jeunesse. On peut écrire à tante Michèle. On peut écrire.


Il se trouve que mes livres sont édités dans des collections destinés aux lecteurs adolescents. Il se trouve également que mes textes contiennent des personnages enfants. Mais également des vieux. Il semblerait en effet que je m'intéresse aux deux pôles de l'existence : l'enfance et la vieillesse. Je trouve qu'il y a quelque chose d'intéressant à observer les liens qui se tissent et se tendent entre les deux et que c'est là que survient le texte. On pourrait presque y lire une métaphore où il en irait de l'enseignement du vieux au jeune comme du message du narrateur au lecteur, bref, comme une mise en abyme du processus de lecture littéraire où le personnage enfant-récepteur jouerait le rôle d'un lecteur à l'intérieur même de l'histoire...

Il serait peut-être intéressant que je revienne sur ce point un jour.

Mais pas aujourd'hui.

Ce que je veux illustrer, c'est qu'il est difficile, pour moi, de me qualifier comme un auteur pour la jeunesse. Ou mieux, il m'est impossible de déterminer pour qui exactement j'écris. Il existe un problème réel à déterminer à qui est destinée une oeuvre en cours de rédaction. En fait, pour moi, cette question ne se pose pas. J'ai la conviction qu'il existe une différence fondamentale entre l'écriture littéraire et les autres formes de communication.

Lorsqu'on écrit un courriel, une lettre ouverte, un mot dans une carte de souhaits, il va de soi qu'on a la conscience de la personne ou du groupe auquel on s'adresse. Il y a une transmission directe du message entre le scripteur et son destinataire. Chère tante Michèle devient alors une formule adéquate pour s'adresse à cette tante qu'on aime et qu'on désire saluer.

Or, il appert que, dans l'écriture littéraire, la communication suit une toute autre voie. La formule qui me semble le mieux résumer la situation est la suivante : on écrit le livre qu'on veut lire. C'est simple et complexe à la fois. Cette posture place le scripteur dans la position du lecteur. Pour faire image, on pourrait dire que, plutôt que de tirer un trait direct entre l'énonciateur et le destinataire, écrire de la littérature reviendrait à tracer une boucle entre soi et soi, ce qui place l'auteur dans la double position de destinateur et de destinataire.

Étrange, n'est-ce pas?

Et pourtant c'est vrai.

Voilà peut-être pourquoi j'éprouve toujours des difficultés, lors des salons, à répondre à la question "à qui ça s'adresse?" Ma réponse est toujours la même : c'est édité pour la jeunesse.

Un jour, en discutant avec mon éditrice à propos d'un livre en chantier, la question est venue sur le tapis. Je lui faisais part de certaines craintes au sujet de dérives possibles du récit et elle m'a demandé si mon "public cible" avait changé.

La question m'a mis mal à l'aise. J'ai réalisé que jamais dans le processus j'avais abordé la question sous cet angle. 

Cibler le public?

Je dois nuancer mon propos ici. 

Il est faux de dire que jamais je ne considère le public auquel je destine un livre. Je le fais, mais simplement au moment où j'échafaude le plan (très souple et sujet aux changements!) et l'univers dans lequel l'histoire se déroulera. Mais une fois le chantier lancé, mon unique préoccupation est de m'approcher le plus possible ce que j'ai décidé que le texte sera. 

Et puis, le texte appelant le texte, les mots s'imposent. Des tournures, un ton, des images récurrentes font leur nid et donnent à mon univers une organisation intrinsèques qui n'existe et n'est comprises que par moi. Enfin, a priori par moi. Des pistes, un système de codes qui me plaît à moi et dont je me dis que, à la lecture, j'aurais aimé en découvrir la clé. 

Mais le lecteur?

Et le public dans tout ça?

Je ne sais pas. 

Une oeuvre doit trouver sa force par l'amalgame des éléments qui la composent. Comme la brique. Comme le ciment. Et une oeuvre forte trouvera son public. Du moins, c'est ce que je me dis...

Au sujet du même livre en chantier, une lectrice complice m'a demandé une fois de plus à qui s'adressait le texte. Une fois encore, malaise. Je n'ai pas su quoi répondre. Je lui ai répondu, selon ma conviction : "imagine qu'il s'adresse à toi et dis-moi comment tu l'as trouvé". 

Ce qu'elle m'a répondu m'a plu. 

Alors, j'imagine que, à mon niveau, le texte est réussi.

Mais le public cible?

Ce sera à l'éditrice de trancher. Après tout, la mise en marché est de son ressort. Moi, j'écris le livre que j'aimerais lire. Simplement. Et une fois dans la fausse aux lecteurs, le public décidera de son avenir.


mardi 1 septembre 2015

Le travail du funambule

Écrire de la narration, c'est produire une histoire, bien sûr. Mais ce n'est pas simplement ça.

Je m'explique.

Je travaille à un roman qu'on m'a commandé (dans des mots si élogieux qu'ils m'ont fait succomber!) sur un thème des plus difficiles à traiter (le roman étant en chantier et le sujet d'actualité, je me permettrai de ne pas le préciser, vous m'en excuserez). Il s'agit d'un sujet délicat pour lequel il serait facile de tomber dans le sensationnalisme, panneau où d'autres auteurs sont déjà tombés (peut-être en suis-je!), d'ailleurs. Or, le sensationnalisme nourrit les clichés et je déteste les clichés; je préfère de loin les nuances. 

Je l'ai dit et je le répète, le sujet qui m'intéresse dans l'écriture, c'est l'être humain. Je n'écris pas simplement pour divertir, je le fais pour vivre et faire vivre une expérience humaine. Et je ne vis pas dans l'aveuglement de la bonté des Hommes ni dans la croyance de leur méchanceté. Le manichéisme, très peu pour moi. Je vois de l'humanité même dans les pires injustices et il y a de la crasse partout où il y a de l'hommerie, j'en suis bien conscient. Nous sommes capables, en tant qu'espèce, du meilleur comme du pire, notre planète se charge bien de nous le rappeler.

Mais comment montrer l'humanité du bourreau sans pour autant en faire l'apologie? Ou mieux encore: comment le faire sans excuser le geste, l'exaction commise?

Voilà tout le travail qui me préoccupe en ce moment. 

Dans mon histoire, les bourreaux ont le sourire. Mes gentils ont leurs torts. Tous  font des victimes à cause d'une situation que ni les uns ni les autres ne contrôlent. Des méchants de bonne foi, des gentils qui trahissent par naïveté ou par sens du devoir... Il me faut marcher sur un fil tendu et, à la manière du funambule, ne fléchir ni d'un côté ni de l'autre.

La difficulté est grande. Je suis sans cesse confronté au choix des mots et de l'angle à prendre pour traiter des situations que je mets en scène. C'est sans aucun doute ce que je préfère dans mon travail, mais c'est également son aspect le plus éreintant. Trouver l'angle d'attaque, produire l'effet escompté en mesurant les silences, en ajustant la longueur d'une phrase, en produisant des images. Ça ralentit le rythme de rédaction, ça augmente l'angoisse liée à l'écriture, ça force l'empathie, ça ébranle et ça demande qu'on se maintienne en équilibre sur le fil narratif qu'on a pris soin de tendre entre le sujet et le lecteur.

Pas facile! D'autant plus que je me suis donné un échéancier serré que je peine à respecter...

Me voici aux deux tiers du parcours et je chancelle. Je ne sais plus par où prendre mon histoire, comment garder l'équilibre. Je regrette même d'avoir amorcé ce projet imprévu. Je sais que je vais le mener à terme, ce livre. Je sais que j'en serai fort probablement assez fier. Mais je traverse cette phase de doute qui exige de prendre une pause. De réfléchir un peu à la démarche. De mettre des mots sur mes angoisses. Retrouver le moyen d'entrer de nouveau en phase avec mon univers narratif, étape nécessaire à la poursuite de l'avancée. Voilà où j'en suis.

Mais bon. L'éditrice est contente, c'est ce qui compte. Le spectacle est bon et, peu importe si le funambule se rompt le cou, le livre finira par paraître.


mardi 25 août 2015

Travailler, attendre, travailler, att...

La patience est la mère des vertus, cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, tout vient à point à qui sait quoi déjà?

mardi 16 juin 2015

L'infiniment petit, l'infiniment grand

Il y a un concept que j'ai étudié lorsque j'étais à l'université et qui m'a bien plu. Je pourrais même dire que je m'y suis en quelque sorte découvert. Il s'agit du haptisme, développé par Gaétan Brûlotte.

Je ferai court.

Le haptisme consiste en une posture qui rend l'artiste disponible à se laisser happer par l'infiniment petit. À la manière du haïkiste ou un peu à celle du photographe passionné de macro. En clair, il s'agit d'être aux aguets, de guetter le détail que personne ne saisit et d'en tirer la substance universelle qui servira l'oeuvre.

C'est pratique, ça force à ouvrir les yeux et à voir le monde selon un angle que personne ne voit, par une lorgnette qui nous est propre. Ça prémunit contre le convenu, le kitsch et les clichés, qui devraient, à mon sens, être l'ennemi premier de tout auteur qui se respecte.

Bref, aujourd'hui, j'étais en classe à surveiller les examens de science d'élèves de secondaire un quand j'ai été happé par une scène qui nourrira assurément un de mes projets en cours.

Voici ce qui s'est produit: une jeune fille assise à l'avant de la classe a été surprise par une petite boule de mousse blanche, un bout de duvet ou je ne sais quoi, en suspension dans l'air devant ses yeux. Elle a d'abord essayé de chasser l'objet en fouettant l'air de sa main (c'est ce geste qui a attiré mon attention), mais cette petite particule est restée flottante devant elle. C'est alors que son visage s'est illuminé, qu'un éclair joyeux est apparu au coin de son oeil. Elle s'est mise à pourchasser  du pouce et de l'index ce corps défiant la gravité. Elle a fendu l'air à deux ou trois reprises, puis l'a finalement attrapé. Dès lors, elle a retrouvé son sérieux et s'est remise au travail. Mais l'espace d'un moment dont j'ai été l'heureux témoin, elle était ailleurs. À une autre époque, dans un état différent. Durant quelques secondes, la salle de classe était devenue salle de jeu, théâtre d'une prédation joyeuse. Pendant un instant, j'ai été témoin d'un univers fugace où tout a basculé. De la concentration sérieuse au plaisir le plus futile. J'ai été happé.

J'ai de suite saisi un stylo et me suis mis à écrire un passage fabuleux relatant presque intégralement la scène dont j'ai été témoin. Cette jeune fille, sans le savoir m'aura inspiré et aura insufflé un moment fort à ce texte que je bâtis depuis quelques jours. Passage charnière? Peut-être. Dans l'infiniment petit réside souvent l'infiniment grand. Il y a, il me semble, un proverbe là-dessus...

lundi 1 juin 2015

Les choix narratifs

J'ai souvent l'impression qu'un récit efficace dépend de son narrateur. Ou plutôt, j'en ai la conviction.

Attention, je n'ai pas dit auteur, pas dit personnage : narrateur.

Avant toute chose, l'idée de ce billet m'est venue à la lecture d'une série de romans qui, bien que revêtant un intérêt certain, m'ont laissé sur ma faim. Il s'agit d'une trilogie québécoise dont je tairai à la fois le titre et l'auteur - mon idée n'étant pas de faire de la critique - mais qui m'a à la fois fasciné et agacé.

Je fais une pause ici - juste au cas où l'auteur de ces livres lirait ces lignes et s'y reconnaîtrait - afin de souligner le fait que, d'ordinaire, je jette les livres que je n'aime pas au bout d'une quarantaine de pages et que j'ai terminé ces trois livres. C'est tout dire! J'en ai saisi l'intérêt, goûté le plaisir... mais n'ai cessé de me demander "pourquoi ce je?"

Trois romans. Les trois écrits à la première personne, mais qui ont eu le malheur de sonner creux à mon oreille. Trois histoires intrigantes, trois univers déstabilisants, trois fois cette sensation d'inassouvissement. Une seule constante : un choix narratif qui ne remplit pas ses promesses.

Je m'explique.

De la narration à la première personne, on est en droit de s'attendre à une véritable valeur introspective, que le narrateur soit à la fois le contenant et le contenu du récit. En effet, si le texte est focalisé à l'intérieur du corps-même du narrateur, l'intérêt n'est plus à l'action à proprement parler, mais à l'affect, au corps, à l'esprit du locuteur. Du moins, il me semble. Une focalisation interne sur un personnage (j'emprunte ici les concepts définis par Gérard Genette dans Figures III) doit permettre l'accès à la chair, sinon à quoi bon? Dans le cas d'une narration à la première personne (que Genette qualifie d'autodiégétique) le narrateur est à la fois le locuteur et le sujet. Chaque mot qu'il produit, chaque phrase doit être vécue par lui comme s'il résonnait en chaque partie de son corps. Le texte est incarné, vécu. L'auteur qui emprunte cette voie doit teinter son récit des perceptions de son narrateur, de son vécu, de ses états d'âme. Pour ce faire, il doit se plonger dans un état d'esprit qui le sort de lui-même et lui fait emprunter la conscience et le corps d'un autre (posture schizoïde s'il en est une!). L'état est éprouvant. Notons cependant que tous les aspects de la vie n'ont pas la même résonance et qu'ils n'exigent pas tous qu'on leur accorde la même attention ni qu'on les vive avec la même intensité. N'empêche que l'auteur d'un texte à la première personne ne peut se permettre de se servir des yeux de son personnage comme d'une simple caméra. Ce faisant, il se passerait de la force propre à son choix narratif. Ce serait amputer le texte d'une grande partie de son efficacité.

En somme, il ne suffit pas qu'une histoire soit écrite au "je" pour qu'elle devienne intéressante. Ce "je" doit être à la fois l'origine et la fin.

D'autre part, une narration à la troisième personne (focalisation externe sur un ou plusieurs personnages, toujours selon Genette) permet d'orienter le texte davantage sur l'action. Ici, aucune nécessité de se camper dans la tête ou dans la chair du personnage, bien que la possibilité en soit toujours présente. Narrer à la troisième personne permet de varier les effets de focalisation. Le narrateur externe, que nos manuels scolaires présentent souvent sous le vocable omniscient, procède parfois, par intrusion, à une focalisation interne sur les personnage et emprunte leur point de vue à loisir, de façon très claire et marquée ou selon l'usage de faux-fuyants plus subtils.  Il peut sauter d'un personnage à l'autre sans risquer de nuire à la cohérence du texte. Il offre la possibilité de la multiplicité des points de vue, de l'ellipse, des mouvements dans le temps, bref d'un éventail d'effets stylistiques à produire.

Puis, il y a la narration à la seconde personne, qui produit un effet intéressant. Plus rare, l'usage du "tu" ou du "vous" (qui présuppose toujours un "je"!) instaure un effet de dialogue entre le texte et le lecteur qui peut produire son lot de situations intéressantes. Je pense ici aux différentes formes épistolaires, mais également à certains romans, notamment La chute, de Camus.

Je reviens à ces trois livres à l'origine de ce billet. À mon sens, leur seul défaut (mais il est majeur!) réside dans un mauvais choix de la personne de la narration. Ils sont à la première, ils auraient dû être à la troisième. Je le répète : tout y est. De l'intrigue bien ficelée au contexte choisi en passant par l'ambiance déstabilisante qu'ils recèlent : rien n'y manque. Sauf la promesse non tenue d'une véritable introspection qui aurait permis au lecteur de participer à la folie des personnages et de véritablement l'éprouver. Bien sûr, on y va. On pénètre dans ces êtres troublés, mais on n'en creuse pas la surface. Pas suffisamment à mon humble avis et c'est ce qui les empêche d'être de grands livres.

Plusieurs auteurs de ma connaissance n'entament jamais l'écriture d'un livre sans avoir défini au préalable les moindres détails de leurs personnages ou de leur univers. Pour ma part, tout débute par un concept narratif précis qui balisera le récit. Selon moi, chaque histoire commence d'abord par un choix formel fondamental: celui de la narration. S'ensuit l'univers, puis les personnages.

Puisque le narrateur assure la constance dans le texte en y jouant le rôle de locuteur, il est fondamental, dans ma vision de la chose littéraire, de lui accorder toute l'attention que son choix nécessite. Ce n'est pas une décision qui peut être prise à la légère. Il s'agit de l'épine dorsale de l'oeuvre. En outre, il ne suffit pas ne narrer à la première personne pour créer l'effet qu'exige la narration autodiégétique. Il faut que le texte soit porté par cette voix, qu'il devienne cette voix-chair qu'on a choisi de faire entendre. Sinon, c'est que ce choix est le mauvais et qu'il sera impossible d'en effacer l'amertume des promesses non tenues. 

lundi 25 mai 2015

Ces 10 000 visiteurs ne peuvent pas tous être des robots spammeurs!

Si je me souviens bien, c'est au mois de mai 2008 que j'ai pris la décision de mettre en ligne ce fourre-tout intitulé Papiers épars. À l'époque, je ne savais trop quoi en faire ni qu'en penser. Sept ans plus tard, il en a coulé de l'eau sous les ponts et, une chose est certaine, mon incertitude n'a pas bougé d'un iota!

Or, il se trouve que 10 000 personnes ont visité mes écrits. Parmi eux, certains sont venus par hasard ou par accident, d'autres ont fureté et sont repartis, quelques uns sont partis et revenus, des robots ont spammé et respammé... Mais tous ne peuvent pas être des robots spammeurs! Il y a bien quelqu'un quelque part qui y a trouvé son compte!

Je suis content et j'ai envie de célébrer.

10 000 visiteurs, c'est quand même quelque chose! Alors? On fait quoi? Une nouvelle mise en page? Un concours?

Tiens, je pense que je vais faire les deux. 

J'invite donc tous ceux qui le veulent à lire et commenter le billet de leur choix. Au dernier jour de juin, je ferai tirer un de mes titres parmi les auteurs des messages. Le livre sera envoyé par la poste régulière une fois le concours terminé, peu importe le lieu de résidence le l'auteur du commentaire, promis. Il vous suffira de laisser une adresse courriel ou votre nom (afin que je puisse vous rejoindre pour obtenir vos coordonnées postales) dans votre message.





Merci d'avance pour votre participation et bonne chance!

lundi 18 mai 2015

"Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?" officiellement incontournable!


Il y a quelque temps, Communication-jeunesse a lancé une consultation publique afin de connaître les 100 oeuvres canadiennes pour la jeunesse à côté desquelles il ne faut pas avoir passé. Eh bien, après Ricochet, ce sont maintenant les lecteurs qui ont décidé de qualifier mon roman d'incontournable! 


Voilà un adjectif qui fait chaud au coeur! 

Merci mille fois!

Si vous désirez vous procurer le livre, vous pouvez le faire ici ou vous rendre dans votre librairie préférée.

mercredi 6 mai 2015

Les incontournables de la littérature jeunesse canadienne

Marie-Louise Arsenault, animatrice de l'émission de radio Plus on est de fous plus on lit, a lancé, il y a quelque temps, une consultation visant à déterminer quels sont, aux yeux des lecteurs, les 100 livres canadiens que chacun devrait avoir lus.

En réponse à cette initiative, Communication-jeunesse, un organisme qui a pour but de promouvoir la littérature pour la jeunesse en a fait de même. Il en résulte une liste de ce que seraient les meilleurs titres jeunesses à avoir lu dans sa vie et... Qu'est-ce qui fait courir Mamadi? en fait partie!

Si vous voulez consultr la liste, Voici le lien.

Si vous désirez commander mon roman, vous pouvez également le faire sur le site des librairies indépendantes du Québec ou vous rendre chez votre libraire préféré.

mardi 14 avril 2015

L'album Niska maintenant disponible!

Deux de mes chansons ont fait leur nid sur l'album récemment sorti du groupe de musique du monde De dame et d'homme. L'une d'elles, Niska, est justement la chanson titre de l'album! Vous pouvez De dame et d'homme.
obtenir plus d'information et même vous procurer le disque sur le site officiel du groupe en suivant le lien suivant :

Tiens donc, un article de journal sur ledit album!

Patience bientôt récompensée

Il n'y a pas si longtemps, je publiais un billet sur l'attente de réponses de la part des éditeurs où j'exprimais combien il m'était difficile de patienter. Eh bien, me voici récompensé! J'ai tout récemment reçu le message que j'espérais de la part d'une maison d'édition importante (vous me pardonnerez d'en taire le nom pour le moment!) dans laquelle je plaçais énormément d'espoir! Le contrat n'est pas encore signé et, à ce jour, je n'ai reçu qu'un message qui les dit intéressés à regarder "les possibilités pour une publication" et qui se termine sur "et surtout, merci de nous avoir envoyé votre très beau texte". 

Chouette, non? En tout cas, moi, je suis aux oiseaux.

Je vous tiendrai au courant lorsque le tout sera officialisé. Je pourrai alors vous divulguer les détails que vous brûlez d'envie de connaître!

jeudi 26 février 2015

Toi, là, tu écris quel genre de livres?

Voilà une question qui est sur toutes les lèvres (j'exagère un peu, j'en conviens!). Enfin, il s'agit là d'une préoccupation pour bien des lecteurs et encore plus d'auteurs... Mais pas moi. En fait, pas avant ce matin.

Les genres en littérature ne m'intéressent pas beaucoup et, je dois l'avouer bien honnêtement et sans aucune fierté, j'ai tendance à lever le nez sur à peu près tout ce qui comporte un dragon, une paire de crocs ou un détective alcoolique. Je ne lis pas de fantasy, pas de polar, rien de tout ça pour la simple raison que je redoute les clichés que ces livres recèlent. 

Est-ce un préjugé?

Peut-être, dans la mesure où plusieurs sauraient relever des contre-exemples qui me feraient ravaler mes propos.

Mais, trop souvent, la littérature de genre se bâtit sur des codes, voire des recettes, que trop d'auteurs semblent se contenter de répéter (peut-être cette dernière phrase est-elle, justement, un préjugé de ma
part?), ce qui donne un effet artisanal plutôt qu'artistique à leur prose. On n'écrit pas des livres comme on fait des crêpes. Les recettes doivent demeurer à la cuisine et n'ont pas leur place dans l'art.


Je préfère, et de loin, une littérature qui s'affranchit des codes ou qui, du moins, tente à tout prix de s'éloigner des clichés et des lieux communs.


Or, salons du livre oblige, je serai bientôt confronté aux questions liées aux genres littéraires, questions fort embêtantes quand on n'en est pas, il va sans dire...

Mais cette année, je me suis trouvé une réponse : le réalisme magique.

Le réalisme magique est un sous-genre du fantastique. Il s'agit d'un concept aux contours flous qui se résume un peu de la manière suivante : une histoire campée dans un univers réaliste où des événements surréalistes peuvent survenir, mais sont traités de manière réaliste. 

À ne pas confondre avec le fantastique, où l'élément insolite traité de manière réaliste prend toute la place et devient le noeud du récit.

À ne pas confondre avec le merveilleux, où l'univers est construit d'éléments insolites où les personnages, parfois insolites eux-mêmes, évoluent sans qu'ils soient remis en cause.

Dans le réalisme magique, l'univers se distord ponctuellement sans que les personnages s'en rendent compte, parfois même à l'insu du lecteur. On mettra souvent sur le dos d'effets de style ou du langage poétique les impressions obtenues à la lecture. La littérature latino-américaine porte en elle une longue tradition de réalisme magique, mais pas seulement elle. Dante, Rabelais, Cervantes Shakespear ont donné des oeuvres en ce sens. Bref, il ne s'agit pas d'un genre nouveau, ni révolutionnaire, mais plutôt d'une onde constante qui teinte l'histoire de la littérature mondiale. S'il s'agit d'un genre (pas des plus répandus!), il en est un tout en nuances et parmi les plus difficiles à cerner. Parce qu'il est nuancé, justement. 

Mes trois romans se situent dans ce genre-là.

Si vous avez envie d'en apprendre un peu plus sur le réalisme magique, vous n'avez qu'à suivre le lien ci-dessous. En attendant, j'ai désormais une réponse à cette question qui m'embête à chaque fois : "c'est quel genre de livre que tu écris?"

mercredi 18 février 2015

C'est long attendre!

Un projet n'est jamais tout à fait terminé tant qu'il ne se trouve pas relié et déposé sur la tablette d'une librairie. Et puis, il y a la promotion pour le faire vivre. Pour moi, voilà deux freins majeurs à la création. Je m'enthousiasme pour tous ces petits détails et je vis à fond chacun d'eux. Mais ça me détourne de l'essentiel : écrire.

Quand finalement je parviens à m'y remettre, généralement, j'arrive à des résultats qui me satisfont. Mais trouver un éditeur peut s'avérer long et fastidieux.

Voilà où j'en suis.

J'ai terminé un manuscrit auquel je crois énormément l'été dernier. Le texte a été accepté par mon éditrice habituelle, mais sous réserves de modifications que je n'ai pas envie d'apporter. Mes raisons (sur lesquelles je ne m'attarderai pas ici, ce n'est pas le sujet de ce billet!) paraîtraient sans doute futiles aux yeux de plusieurs, mais ce sont les miennes et, contrairement à mon habitude, j'ai décidé de m'y tenir. Pour le moment, du moins.

Bref, j'ai envoyé ledit manuscrit ailleurs.

Et j'attends des réponses qui n'arrivent jamais assez vite... Il faut dire que les délais s'étirent souvent jusqu'à six mois après réception du manuscrit. À terme, on reçoit une lettre impersonnelle témoignant que l'éditeur n'a simplement pas eu le temps de s'attarder à la lecture du texte. Bref, angoisse et déception relayent souvent l'espoir qu'on entretient durant cette période.

En attendant, j'essaie d'écrire. Je parviens à faire progresser le récit, mais il me semble que je n'y suis pas tout à fait. 

Mais n'empêche que je suis hanté de cette histoire pour laquelle me font attendre les éditeurs.

Vous pouvez en savoir un peu plus sur ce texte en attente en lisant cet ancien billet : Écrire avec la rage


jeudi 8 janvier 2015

Charlie hebdo

Le mercredi 7 janvier 2015. Paris.

Il est midi. Toute l'équipe d'un journal vient d'être éliminée, abattue froidement par deux tireurs encagoulés. Pour des idées. Pour une poignée de dessins et de textes.

Ce sont les faits.

C'est d'un ridicule aberrant. Pathétique. Injuste. Absurde.

Le constat est indéniable : parler, défendre une position, c'est risquer sa vie.

On pourrait disserter sur la responsabilité des uns et des autres dans cette affaire, accuser à tort ou à raison l'islam, la droite catholique, remettre en cause la justice sociale, resserrer les mesures de sécurité, augmenter ou diminuer la censure, prier, pleurer, aimer ou haïr, rien n'y changerait : des hommes et des femmes sont morts hier pour avoir tenu et défendu un journal. Leur emploi.

La liberté de penser et de dire est ce qui définit les sociétés occidentales. Et elle a été payée chèrement. Voltaire a été embastillé à plusieurs reprises. Havel a été emprisonné. Hugo a dû s'exiler. Socrate a bu de la ciguë. Mais ils ne se sont pas tus. Au contraire, ils ont donné à l'Occident l'opportunité de voir naître et fleurir l'humanisme par la remise en question des dogmes et de l'ordre établi. Ils ont apporté un point de vue nouveau à des société sclérosées et passéistes. Ils ont rangé Dieu sur la tablette qui lui revient, juste à côté de l'alchimie et de la pensée magique.

On a persécuté les écrivains et les penseurs de tout temps, mais on n'a jamais réussi à les faire taire.

Je ne veux pas faire des collaborateurs de Charlie Hebdo des martyres, je déteste ce terme empreint de religiosité. Je ne veux pas non plus en faire des intellectuels influents ni même défendre leur idées. Pour être clair, j'ai toujours cru qu'ils allaient loin et qu'ils poussaient les limites de la provocation en publiant certaines de leurs caricatures. Mais ce n'est ni plus ni moins qu'une opinion. Même si je comprenais la colère de certains devant ces images dures et cet humour acide, jamais il ne me serait venu à l'idée que quelque chose d'aussi irréversible que la mort ait pu en découler. Je respectais leur liberté et leur droit. Je n'ai pas changé d'idée aujourd'hui.

Puis Dieu s'est mêlé de l'affaire.

Ou plutôt, des illuminés se sont déchargés de leur propre folie en la justifiant de cette invention humaine qu'est Dieu.

Dieu est amour et tolérance. Mon oeil!

Dieu est la raison qui permet aux hommes de justifier l'idée de puissance qu'ils ont d'eux-mêmes. Dieu donne la Voie à suivre, la Vérité implacable. Et celui qui la détient a tous les droits. Il en a plus que celui qui vit dans l'erreur en tout cas. Dès lors, le croyant s'arroge le droit de mépriser l'impie.

Dieu divise.

Dieu est un enculé.

Le jeudi 8 janvier 2015. En France, toujours.

Trois centres culturels musulmans ont été saccagés. Des représailles aux gestes de la veille. Évidemment. Marine Lepen a pris la parole pour attiser la terreur du peuple ébranlé. Sarko a fait de même, champion de la sécurité. On cultive la peur. Les terroristes ont remporté la bataille.

Ici, au Québec, on a peur aussi. Mais de qui? Il est bien là le problème. On va remettre Dieu là-dedans et se convaincre qu'on a raison de mettre ça sur le dos de l'islam. Les catholiques, les protestants et les juifs vont en profiter pour oublier leur précepte de base : traite ton prochain comme toi-même. Les musulmans vont crier à l'islamophobie. Et tous feront porter l'odieux d'un acte de violence isolé à d'autres humains. Simplement. Comme toujours.

Et chacun oubliera qu'au-dessus de tout, en Occident, il y a le droit. Pas celui de Dieu. non. Celui tout humain que chaque société a su opposer à la barbarie des rois et des goujats qui ont gouverné de droit divin. Au-dessus de tout, il y a la justice des hommes. Et c'est là que réside le Salut, le vrai. Je souhaite de tout coeur que  la justice suivra son cours. Qu'on mettra la main au collet des assassins et de tous les imbéciles qui vont profiter de cet événement pour justifier leur haine. Et qu'on les privera de soleil pour très, très longtemps.

Dieu est un con. Mort aux cons.

Qu'ils aillent se faire foutre.