samedi 18 août 2018

Tristan au stade des champions enfin en librairie!

Un troisième volet à la séries Tristan!

mardi 7 août 2018

L'épopée Mamadi

Il y a un conte que je me plais à raconter. Une très vieille histoire juive sur la résilience et la mémoire des origines qu'on m'avait résumée un jour à l'université et que j'ai habillée de mes mots. Cette histoire (qu'on peut trouver sous la forme d'un album intitulé "Un merveilleux petit rien") j'ai décidé un jour d'en faire ma propre version sous forme de roman.

Or, dans le plan que j'en avais fait, le récit se déroulait au tout début de la seconde Guerre Mondiale et portait sur la fuite d'une mère et de son enfant. Une histoire de route et d'errance, de camps de réfugiés aussi.

Je me suis mis à faire des recherches sur la dynamique des camps. J'ai lu des dizaines de récits de migrants qui fuyaient la guerre. Or, aucun de ces récits ne trouvait son origine en Europe. De même que je n'ai trouvé aucun texte détaillant la réalité des migrants lors du deuxième conflit mondial. Chacun des textes que j'avais pu consulter m'envoyait en Afrique. Les notes qu j'avais prises en faisaient de même...

Je ne me suis pas laissé décourager et j'ai commencé à écrire mon roman.

Un bombardement, de la poussière, un drame horrible vécu à hauteur d'homme, l'arrivée des Allemands à Dantzig. C'était un bon début.

L'école où je travaillais avait un contingent d'enseignants africains plutôt important, dont un, avec lequel je me suis rapidement lié d'amitié. Au fil de nos discussions, j'ai appris qu'il était rwandais et qu'il possédait le statut de réfugié au Canada. Sans entrer dans les détails, disons que je me trouvais en face du plus riche des témoignages et, surtout, face à une réalité troublante : rien ne vient à bout de la vie tant qu'on y croit. Cette ami était l'incarnation de la résilience. Et je lui ai fait la promesse (en lui demandant la permission) d'un jour parler de lui dans un de mes livres.

Mon histoire de Dantzig plafonnait. J'avais du mal à faire sortir mes personnages de la ville et à mettre mon récit en marche. En même temps, chaque fois que je relisais mes notes, je me retrouvais en Afrique. Quand je me rendais au travail, j'y croisais encore l'Afrique. Si bien que j'en suis venu à me dire que pour faire débloquer mon histoire de la deuxième Guerre Mondiale, je devais d'abord me sortir l'Afrique de la tête.

J'ai donc ouvert un nouveau fichier sur le bureau de mon ordinateur. Et je me suis mis au travail.

Tout d'abord, j'avais besoin d'un personnage. Il y avait un élève souriant et très attachant, fils d'un de mes collègues immigrés, à qui j'enseignais. Il se prénommait Mohamed, nous l'appelions Mamadi. Un sourire large barrait toujours son visage. Il était passionné de soccer (il est professionnel aux États-Unis aujourd'hui). J'ai décidé de m'inspirer de lui. Et je l'ai placé dans l'histoire de mon ami rwandais en me demandant comment, au quotidien, il aurait pu, enfant, garder la tête haute et conserver la motivation de passer à travers l'épreuve. La première phrase que j'ai inscrite dans mon document allait devenir le titre du roman : "Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?"

Cette phrase, je la lisais chaque jour, elle était le leitmotiv que je me répétais constamment. Pour moi. Pour mes personnages également.

Puis, au moment où je commençais à trouver la motivation difficile, une dame que je côtoyais à l'époque a été frappée subitement d'une maladie grave (ici encore je me passerai de détails afin de préserver son identité) au terme de laquelle on a dû lui amputer des membres. Malgré cette tragédie, la première phrase qu'elle m'a adressée après l'opération était : " Ça va, je suis vivante."

À son tour, j'ai décidé d'en faire Mamadi.

Et je me suis interdit de me plaindre de mes difficultés à me motiver chaque jour à écrire par respect pour elle et sa famille. En leur honneur, devrais-je plutôt dire.

J'ai écrit ce livre comme une course de fond. Je voulais un texte qui se précipite toujours en avant. Un rythme haletant. Je voulais également y raconter l'histoire d'un garçon souriant, optimiste malgré la dureté de sa situation, bref l'histoire d'un véritable survivant. Je voulais connaître la différence entre ceux qui s'en sortent et ceux qui abandonnent, parce que trop souvent, dans ma vie à moi, il m'était arrivé d'abandonner.

Dès sa sortie, ce livre a connu du succès. Il a tout de suite été retenu dans la liste préliminaire du Prix des nouvelles voix de la littérature, puis dans celle du Prix jeunesse des libraires du Québec. Il a été souligné et critiqué sur différentes plateformes en Amérique et en Europe. J'ai reçu des lettres et des courriels de lecteurs émus par mon personnage. Bref, il a rayonné. Et plusieurs écoles l'ont adopté comme lecture obligatoire pour aborder les thèmes de la différence, des effets de la guerre sur les enfants, de l'espoir et du sport.

Disons que c'est une grande fierté pour moi d'avoir écrit ce livre et qu'il constitue le véritable point de départ de ma carrière d'auteur.

Anecdote à propos de ce titre

C'est sciemment que j'ai décidé de ne pas nommer le pays dans lequel se situe le roman, mon but étant d'empêcher l'histoire d'être une "anecdote" dans l'histoire. Avec mon récit, j'ai voulu explorer les thèmes de la résilience et de l'enfance, pas faire le récit d'une crise politique. Ceci dit, mon amoureuse m'a suggéré de nommer l'endroit, pour que le lecteur s'y retrouve. Je ne l'ai pas fait, mais j'ai tout de même placé des indices dans le texte qui permettent de découvrir de quel conflit je me suis inspiré précisément. À ce jour, un seul lecteur m'a nommé avec assurance le nom dudit endroit.

Si le coeur vous en dit, vous pouvez commander le livre en ligne en cliquant ici.