lundi 30 novembre 2015

La perfection se trouve dans les détails


"Les détails font la perfection, et la perfection n'est pas un détail". Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Léonard de Vinci.


Je suis loin de m'imaginer avoir la capacité de produire un livre parfait et je ne crois pas qu'une telle oeuvre existe. En revanche, je conçois mal qu'un auteur puisse se contenter de demi-mesures. Chaque projet de livre naît d'une vision qui, elle, se présente comme une oeuvre idéalisée et le processus de création et d'écriture revient à tout faire concourir dans l'atteinte d'un seule visée : se rapprocher au plus près de cette idée inatteignable. En somme, l'idée de perfection doit se concevoir comme étant le point le plus près de la vision idéale qu'un auteur a de son texte.

Il importe donc d'avoir une vision claire et précise des enjeux.

Dans l'écriture de mon dernier roman (à paraître début 2016), je me suis imposé quelques contraintes auxquelles je tiens mordicus (voir Le travail du funambule). 

J'ai terminé le livre. Les bêta-lecteurs ont aimé. Il a plu à l'éditrice.

Le travail éditorial s'est mis en branle, suscitant chez moi l'enthousiasme habituel. Mais en relisant, un peu au hasard, un court passage, j'ai réalisé que tout mon projet prenait le champ. En quelques mots, je commettais l'embardée qui menaçait l'ensemble de l'oeuvre et son équilibre. Une faute grave qui m'éloignait de cette vision à laquelle je m'étais accroché à chaque page, chaque phrase, chaque mot de mon travail. La faute, je l'imagine, a pu paraître anodine pour ceux et celles qui on lu et commenté le texte puisque personne ne l'a relevée. Mais, pour moi, elle est apparue comme une poutre dans mon oeil, une bévue qui m'aurait empêché d'assumer totalement ce livre.

Quelques mots, une ou deux virgules qui m'auraient emporté à des lieues de la perfection imaginée.

Alors j'ai tout fait arrêter. Et j'ai procédé au sauvetage.

Bon. Cette tournure peut paraître pompeuse.

Disons plutôt que j'ai bûché et pioché pendant quelques heures pour rectifier ce passage problématique; fait quelques ajustements, qui pourraient sembler mineurs, mais qui, pour moi, revêtent une importance capitale et, surtout, qui font que désormais je peux assumer complètement ce livre. Parce que j'ai le sentiment véritable de m'être approché au plus près de cette perfection à laquelle j'ai aspiré en l'écrivant tout en évitant l'écueil qui aurait fait sombrer mon navire. 




mardi 3 novembre 2015

Se faire prendre au jeu

Petit témoignage de rien du tout.

Pour écrire efficacement un texte percutant, il est essentiel que l'auteur s'investisse totalement et sans retenue, tant du point de vue émotif qu'intellectuel. C'est, à mon sens, une des clés de l'authenticité et de l'originalité que je recherche dans la littérature, que je l'écrive ou que je la lise. C'est à cet investissement qu'on doit les images, les tournures et les effets qui marquent. Bref, écrire est exigeant du point de vue émotionnel autant que ce l'est pour le cerveau.

Il m'est arrivé à quelques reprises de me surprendre moi-même en cours d'écriture à la lumière d'une idée. Je me suis même félicité à quelques reprises d'une trouvaille originale qui enrichit un texte en travail. J'ai déjà souri en partageant la joie d'un personnage et ressenti une colère contenue en souffrant une injustice produite par moi dans un de mes textes.

Mais jeudi dernier, en mettant la touche finale à mon plus récent projet, il m'est arrivé un fait inusité : j'alignais des mots comme à l'habitude, maniais la ponctuation, comme d'ordinaire quand ma gorge s'est soudainement nouée. Si bien que, avant de mettre un point presque final à mon histoire, j'ai dû sécher une larme au poignet de ma chemise.