mardi 18 décembre 2012

Tout est dans le ton

Dire qu'on reconnaît un bon livre à ses premières phrases, à ses premiers mots, c'est dire que l'expérience littéraire se trouve bien au-delà de l'histoire qui est racontée : elle tout aussi bien sentie qu'intelligible.

C'est vrai en lecture, ça l'est également quand on écrit.

Mais si le ton peut paraître secondaire pour la plupart des lecteurs (demandez à un ami de vous parler de sa dernière lecture et vous le verrez bien!), il en va autrement pour l'auteur. Pour moi en tout cas. En effet, questionnez un écrivain sur le projet qu'il a en cours et vous constaterez que, rapidement, vous serez perdus dans des dédales de considérations qui gravitent autour de l'histoire. Une histoire, ça se résume. Pas ce qui la porte, car cela est fait de mots à ne pas prendre à la légère, de rythme, de descriptions, de discours rapportés de manière directe ou non, de ponctuation. Un véritable casse-tête, quoi! Un puzzle dont les pièces acérées feraient dire à Freud, Lacan, Klein et tous les autres qu'ils en ont déjà castré plus d'un et qu'ils en châtreront bien d'autres encore.

Des auteurs, je veux dire.

Et sans distinction de sexe, c'est une métaphore!

C'est parce que l'expression du contenu par la forme est un enjeu majeur et, en vérité, peut-être le seul qui soit véritable.    

Je viens de me remettre à l'écriture. Et je travaille dur sur une histoire qui m'est venue il y a probablement six ou sept ans. Une histoire tournant autour d'un pigeon amoureux. J'en ai formulé déjà trois ou quatre versions, mais aucune n'est encore arrivée à me satisfaire.

Cette dernière semble bien être la bonne.

Encore.

J'en reparlerai peut-être une autre fois, si je trouve une oreille assez patiente (ou assez polie, c'est selon!) pour m'écouter jusqu'au bout.

vendredi 30 novembre 2012

Entrevue avec une blogueuse

Vous pouvez lire une entrevue que j'ai accordée à une blogueuse. Il y a là des informations qui pourraient intéresser certaines personnes sur ma pratique d'écriture. Bref, voici le lien :

http://interviews-auteurs-quebecois.blogspot.ca/2012/11/etienne-poirier-auteur.html



lundi 22 octobre 2012

Les contes et le mal


Le conte est un genre littéraire à deux visées : divertir et instruire. Il s’agit là de deux objectifs jumeaux qui s’équivalent dans les contes traditionnels, mais dont le premier tend à supplanter le second dans ce qui se publie aujourd’hui dans les maisons d’édition pour la jeunesse.
Dommage.
Dommage, parce qu’on rompt avec la tradition, une tradition qui remonte aux origines mêmes de l’humanité et qui est aussi humaine que la stature debout et la main préhensible. Avec le conte naît la compréhension du monde et la transmission des savoirs, et il en demeurera le seul gardien jusqu’à l’avènement de l’écriture. Les contes ont, de tout temps, fait réfléchir et discuter, ils ont abordé les sujets les plus édifiants, mais également les plus tabous, jusqu’au jour où quelqu’un a décidé que le petit Chaperon rouge serait retiré in extremis des entrailles du loup éviscéré. Dès lors, finie la tragédie de l’enfance violée, exit les thèmes de la pédophilie et de la prédation. Charles Perrault, ou ce qui en reste, n’a pas fini de se retourner dans sa tombe!
Divertir, c’est rassurant comme la présence des parents et réconfortant comme une tasse bouillon Lipton.
C’est sexy.
C’est bien.
Or, le bien est aux antipodes de la pensée (ce n’est pas moi qui le dis, c’est le philosophe français Georges Bataille!), car le bien, si on fait abstraction des conventions religieuses, se définit par ce qui conforte les valeurs conformes aux normes de la société. Aller à l’encontre de ces dernières, c’est mal. Remettre en question, discuter, bref, réfléchir, c’est mal.
La publicité, les émissions de variété, la téléréalité, même la plupart des bulletins de nouvelles sont vus comme des outils de divertissement consensuels. Qu’ils disent n’importe quoi ou qu’ils se targuent de parler des vraies affaires, ils s’adressent à la masse dans les mots de la masse pour lui dire ce qu’elle veut bien entendre, la masse. Ils sombrent dans la complaisance stérile. C’est bon avant le dodo, ça vide la tête et… ça rassure.
Mais ça n’avance à rien.
Et dans ce monde du prêt à porter, du prêt à bouffer, du prêt à penser, quelle est la place de la littérature qu’elle soit de jeunesse ou non?
La question mérite d’être posée et c’est ce que fait Georges Batailles dans son essai « La littérature et le mal » pour conclure que la littérature, la vraie, doit prendre la part du mal (c’est-à-dire de la remise en question, de l’inconfort, de l’envers de la médaille), elle doit émouvoir, troubler, ébranler. Réveiller plutôt qu’endormir. Faire voir au-delà du décor, porter la réflexion plus loin.
Il y a du plaisir là-dedans.
Il y a là une démarche profondément humaine et essentielle à l’avancée de l’humanité. Il y a là matière à réfléchir. Et si on ne s’affaire pas à montrer aux enfants à réfléchir à leur propre humanité, qui s’en chargera?
Il y a là des contes à faire. Des drôles et des profonds aussi.
L’histoire est triste? Ça existe, la tristesse, mon amour, tu veux qu’on en parle?
L’histoire finit mal? Parfait! Tu veux bien qu’on en jase? Un conte n’en est pas un si, une fois le livre refermé, on n’a pas envie d’ouvrir la bouche pour en discuter.

vendredi 12 octobre 2012

Entrevue à la SOCAM pour la sortie de "La malédiction de Carcajou"

Voici le lien qui vous permettra d'entendre l'entretien que j'ai accordé à Rose-Aimée Dubé, animatrice à la radio de la Société de communication atikamekw montagnaise le vendredi 12 octobre 2012 :
http://www.socam.net/?s=archives&id=791&CATEGORIE=%25&TRI=dateAjout&ORDRE=DESC&LIMIT=25
Ne vous découragez pas, après quelques secondes, l'animatrice passe de l'atikamekw au français.

mardi 25 septembre 2012

La malédiction de Carcajou en librairie cette semaine


Ça y est, le livre est prêt et sera sur les tablettes des libraires cette semaine. Pour moi, c’est la fin d’une longue attente et un moment de grande excitation. Le livre est splendide et magnifiquement illustré par Daniel Bélair (http://www.chateauguayexpress.ca/Culture/Festivals-et-evenements/2012-08-07/article-3034910/Un-touche-a-tout-des-arts/1). Un superbe objet.

Mais c’est tout de même un peu plus qu’une joie personnelle.

La sortie de ce livre est, cela va de soi, un accomplissement. Mais l’accomplissement réel, pour ma part, se trouve en dehors du texte. Comme je l’ai écrit plus tôt sur ce blogue, c’est d’abord Dollard Dubé qui a rédigé cette histoire au début des années 1930. On lui avait confié le mandat d'aller rencontrer des conteurs atikamekw et de colliger les histoires qu'ils se transmettaient depuis des générations. Avec l’arrivée massive de bûcherons et de colon dans la région, l’authenticité culturelle des premiers habitants du Haut-Saint-Maurice était menacée. Il fallait la faire passer de la parole à la lettre afin de la préserver. Ce fut fait et c’est ce qui permet à cette légende pleine d’humanité et riche en enseignements de revivre aujourd’hui.

L’origine de ce conte se perd donc dans des temps immémoriaux et nul ne peut en réclamer la paternité.

Mais le véritable accomplissement se trouve ailleurs. En effet, l’idée de réécrire cette histoire m’est venue au contact des jeunes Atikamekw avec qui j’ai travaillé au cours de mes 10 années passées à Manawan. Ces jeunes Amérindiens sont pleins de vie et de rêves à réaliser, comme le sont les jeunes de partout. Mais, à cheval entre une culture qui s’éveille et une autre qui se perd, ils sont déchirés. Dans l’école primaire où ils apprennent à lire, à écrire et à compter, on leur propose deux voies : l’une en français, l’autre dans leur langue maternelle. Dans le premier cas, les enfants apprennent à lire et à écrire à la manière des gens de la ville. Des livres, ils en ont, mais peu qui reflètent leur réalité. Peu qui soient réellement ancrés dans leurs valeurs et leur propre tradition culturelle. Ils lisent les contes de Charles Perrault et tout ce que leur fournit la littérature jeunesse. Ce qu’ils y gagnent en maîtrise du français, ils ne l’acquièrent pas en connaissance d’eux. Dans le second cas, des livres, ils n’en ont pas ou trop peu. Par défaut de lectures valables, ils accumulent des retards en lecture et en écriture, ce qui hypothèque leurs chances de succès dans leurs études subséquentes – heureusement, il se trouve bien quelques exemples pour contredire ce dernier point, mais, malgré ces quelques cas d’exception, le constat demeure. Savoir lire et écrire outrepasse la maîtrise d’une langue à l’oral et, cela a maintes fois été démontré, plus on maîtrise un code linguistique, plus le passage vers une autre langue est facile. Or voilà, la collection « album du crépuscule » des éditions du Soleil de minuit, dans laquelle est publiée La malédiction de Carcajou, propose des livres en deux langues. Grâce à la traduction de Jean-Paul Echaquan, le texte y est présent à la fois en français et en atikamekw. Dès lors, le livre se veut un outil permettant de combler le fossé culturel entre les deux cheminements scolaires que suivent les enfants de Manawan, d’Opitciwan et de Wemotaci. Bien plus encore, il permet d’ajouter sa pierre à l’édifice de la préservation des langues menacées comme l’est celle des Atikamekw – parce que, on le sait, des langues il en meurt plus qu’il n’en naît depuis un siècle. Espérons seulement que La malédiction de Carcajou permettra à l’atikamekw, une langue de chez nous faut-il le rappeler, d’éviter ce triste sort.

samedi 8 septembre 2012

Écrire : le bistouri ou la taloche?


Pour écrire, c’est simple, il suffit d’aligner les mots en fonction de l’histoire qu’on veut raconter. Jusque là, tout le monde peut le faire. Mais pour que le texte devienne littéraire, il doit devenir un objet fini et unique. Et c’est là que commence le travail de l’écrivain.

On entend souvent dire que l’art d’écrire est en grande partie celui de savoir faire disparaître le superflu. D’enlever le mot de trop, celui qui empêche le texte de bien fonctionner, comme l’abcès qui dévisage et, plus important encore, risque d’empoisonner – Tiens, justement, je viens d’écrire « d’empoisonner le patient » avant de supprimer les deux derniers mots! – : c’est écrire au bistouri. Travail de précision où ne doit demeurer que l’essentiel.

Or, savoir manier le bistouri ne suffit pas. Pas toujours, du moins.

Je suis à la réécriture d’un court roman (ou d’une longue nouvelle!) intitulé provisoirement Qu'est-ce qui fait courir Mamadi? où, justement, cette méthode s’est avérée inadéquate.

Je pensais bien l’avoir fini. Je l’ai fait lire. Et la critique s’est avérée douloureuse. Une véritable gifle. Je le voulais compact, ce texte. Compact et efficace. J’y voyais la force du non-dit et de la justesse des mots, il s’est avéré vide et superficiel : plein de trous à combler. Et en le relisant à mon tour pour la énième fois, j’ai dû en toute honnêteté, me rallier au constat de ma lectrice.


La taloche, n’est pas simplement le synonyme de baffe ou de claque. C’est d’abord l’outil qu’utilisent le maçon et le plâtrier pour combler les trous et aspérités des cloisons. Elle sert à étendre de fines couches de plâtre ou de crépit afin d’obtenir une surface lice et uniforme. C’est en écoutant une vieille entrevue avec Nabokov à la télé que m’est venue l’inspiration de cette expression : écrire à la taloche.

Dans cette entrevue, l’auteur faisait part au journaliste, qu’après avoir édifié la structure de ses histoires, il les relisait et ajoutait des couches (c’est son expression!) qu’il superposait afin d’obtenir l’objet qu’il avait réellement imaginé. Et que c’était là, pour lui, le travail le plus important et, parfois, également le plus pénible.

Voilà où j’en suis : j’abandonne le bistouri au profit de la taloche. J’ai des trous à combler pour que Mamadi, mon personnage, vive enfin.

dimanche 2 septembre 2012

Retour aux sources


Je retourne à la nouvelle. La vraie. La bonne. La littéraire. J’y retourne et, c’est étrange, je m’y retrouve comme un autre.

Écrire de la nouvelle, c’est prendre le temps de la brièveté. Drôle à dire, mais pourtant... Si dans la plupart des cas bref et rapide peuvent sembler synonymes, il n’en est rien dans cette écriture où chaque mot compte, où chaque phrase doit être ciselée et polie pour produire un maximum d’effet.

Car la nouvelle cherche à produire un effet, un choc. Et pour que le lecteur soit happé, rien ne doit être laissé au hasard. Chaque nouvelle doit posséder un ton, dicté par le choix du vocabulaire utilisé, la longueur les phrases, la syntaxe, l’angle avec lequel le sujet est abordé, ce qu’on choisit d’y dire, ce qu’on choisit d’y taire. C’est un travail d’orfèvre, fait de minutie et de patience, où toute aspérité gâche l’effet de la captation du coup d’œil. 

Or, je réalise que le roman m'emballe et me pousse à aller trop vite. Et que je me perds en tentant d'atteindre la fin, plutôt que de me concentrer sur le moyen, qui est, à mon sens, le véritable travail de l'écrivain. Puisque écrire est un art et que l'artiste doit d'abord et avant tout jouir et pousser les limites de son médium et non pas se contenter de réaliser une image, un son, une histoire. Parce que ça, tout le monde peut le faire et que pour naître en temps qu'artiste, on ne peut sombrer dans la masse du quelconque.

La nouvelle constitue un rempart contre la banalité. Si non, elle n'est pas nouvelle. Elle est, de ce fait même, une source à laquelle il est essentiel de boire de temps à autres.

Voici un lien menant à trois de mes nouvelles, parues dans XYZ, La revue de la nouvelle il y a plusieurs années : http://www.erudit.org/culture/xyz1016803/auteurs.html?aut=Poirier,%20%C3%89tienne. À vous d'apprécier.

jeudi 23 août 2012

Salons à venir

La malédiction de Carcajou est en librairie depuis le 15 septembre. J'espère que les lecteurs seront nombreux à se procurer ce livre magnifique, d'abord parce que l'histoire qui y est racontée en vaut vraiment la peine (tant pour les lecteurs adultes que pour les enfants), mais également pour les magnifiques aquarelles réalisées par Daniel Bélair qui l'illustrent. Chaque page de ce livre est une véritable oeuvre d'art!

Alors voilà, c'est maintenant le temps de procéder à la promotion et, qui dit promotion dit Salons du livre. 

Je publie ici l'horaire des séances de dédicaces et les liens menant à la programmation des événements :


Salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue, 25 et 26 mai 2013:

Daniel Bélair, l'illustrateur de "La malédiction de Carcajou" sera au SLAT, tenu à LaSarre cette année, pour faire la promotion de ce livre que nous avons réalisé conjointement. Vous pourrez le rencontre aux stands 80-82.

Samedi
13h30 à 14h30
14h30 à 15h30

Dimanche
13h30 à 14h30
14h30 à 15h30
15h30 à 16h

vendredi 25 mai 2012

Sortie, cet automne, de "La malédiction de Carcajou"


Carcajou a promis de revenir quand il a quitté sa famille pour la chasse, mais le destin lui a joué un tour. Sauvé par des Loups, il a dû faire une nouvelle promesse, celle de devenir l’un d’eux et de demeurer avec eux pour toujours. Mais comment tenir une telle promesse sans oublier celle faite à sa femme et à ses enfants? Cette légende issue du folklore atikamekw livre de grands enseignements sur la valeur de la parole donnée.


Il y a des histoires, comme celle-ci, qui sommeillent dans un presque oubli parmi les pages poussiéreuses d'un vieux livre écorné. Il ne suffit que d'un regard, d'une lecture curieuse à la va-vite pour qu'elles reprennent vie et qu'on se demande : "pourquoi n'ai-je pas lu ça plus tôt?" C'est ce qui m'est arrivé en lisant les pages que Dollar Dubé a rédigées au début des années 30. On lui avait confié le mandat d'aller rencontrer des conteurs atikamekw et de colliger les histoires qu'ils se racontaient depuis des générations. Il les a ainsi fait passer de la parole à la lettre.

Certaines d'entre elles s'avèrent de véritables bijoux d'enseignements, de leçons de vie qui ne peuvent rester lettre morte, qu'il faut lire. Celle-ci n'est donc pas de moi. Enfin, pas tout à fait. Je n'ai fait ici que donner un souffle nouveau à une histoire ancienne -peut-être bien millénaire! -, mais qui demeure riche et actuelle. Une histoire qui, à mon humble avis, doit être lue.

mercredi 14 mars 2012

Salon du livre de Trois-rivières



Je serai présent au Salon du livre de Trois-Rivières, qui se tiendra du 29 mars au premier avril, au kiosque des éditions du soleil de minuit pour faire la promotion de mes romans "La clé de la nuit" et "L'envol du pygargue", finaliste au prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature pour la jeunesse 2011.



Éditions du soleil de minuit, stand numéro 8 

Jeudi 29 de 12h à 14h 

Samedi 31 de 16h à 18h 

Dimanche 1er de 12h à 14h 



Pour plus d'informations sur le Salon, consultez le site officiel : http://www.sltr.qc.ca/