samedi 21 septembre 2013

Message de l'éditrice suite à la lecture de "Qu'est-ce qui fait courir Mamadi?"


"Salut Étienne,


La lecture de ton manuscrit m'a captivée. Une fois commencé, je ne voulais plus le lâcher. Quelle belle écriture! Une histoire touchante. Et la fin, tellement réaliste. Je pense que trop d'enseignants oublient par où sont passés certains des enfants devant eux.

Alors, tu permets que les Éditions du soleil de minuit la publient?"

Ç'a été plus fort que moi, j'ai dit oui.

jeudi 5 septembre 2013

Quelque chose comme la genèse... en version raccourcie

Quand Mamadi est entré dans ma vie, j’avais vingt ans et je suivais un cours sur les contes à l’université. Ça t’étonne? Eh bien oui! Les contes aussi ça s’étudie, surtout quand, comme moi, on adore ça.  Je ne l’ai pas reconnu tout de suite, il faut dire qu’il s’était fait discret. Mais tout de même, il a pris le temps de me faire comprendre qu’un jour j’écrirais son histoire.

Puis je l’ai oublié.

Mais il est réapparu un matin sans que je m’y attende. C’était quatre, peut-être cinq ans plus tard. J’étais devenu professeur de français et, accoudé près de la machine à café dans le salon des enseignants, je discutais avec un nouveau collègue. Cet homme vivait au Québec depuis peu de temps et j’avais envie de le connaître, savoir d’où il tenait son accent, ce genre de choses, tu vois? Mamadi s’est installé entre mon interlocuteur et moi et a tendu l’oreille attentivement. Il a écouté l’aventure de mon nouvel ami et a appris en même temps que moi que cet homme souriant avait vécu une guerre civile et avait séjourné dans des camps de réfugiés avant d’arriver ici. Des épreuves qui, aussi difficiles soient-elles, n’avaient pas réussi à lui ôter son sourire. Mamadi m’a regardé et m’a fait comprendre que, cette histoire, c’était un peu aussi la sienne. J’ai promis de l’écrire.

Malheureusement, j’étais déjà occupé à d’autres projets et, avec le travail, mes deux enfants, les chats… Ce n’est pas que je négligeais de tenir ma parole, c’est juste que parfois, le temps manque.

Il est revenu un jour où j’étais moins occupé et m’a rappelé la promesse que j’avais faite. Je venais d’apprendre qu’une famille amie de la mienne traversait une épreuve des plus tragiques, un véritable cauchemar. Mais ils avaient toujours ce petit quelque chose qui brille au fond de l’œil, cet éclat qui fait comprendre que demain est un trésor. Et Mamadi était là. J’ai compris que cette histoire aussi était un peu la sienne.

Ça m’a touché.

J’ai réagi comme le font les écrivains : j’ai saisi mon crayon et je me suis mis à l’écrire, sa vie. J’ai noté son courage, sa force, mais surtout son sourire et sa joie de vivre qui semblaient inépuisables et je lui ai demandé : « qu’est-ce qui te fait courir, mon petit bonhomme? » Il n’a pas répondu. Il s’est contenté de sourire et m’a renvoyé à mon ouvrage.