lundi 5 juin 2017

La force de continuer (bis)

Je fais ici une confidence : depuis un certain temps, une question m'assaille. En fait, cette question, elle m'accompagne depuis de longues années. À l'université déjà, elle me tailladait l'esprit comme la plus acérée des lames : suis-je véritablement un écrivain? 

Même si j'ai réussi à la mettre en sourdine jusqu'à présent, je dois admettre que, depuis quelques mois, elle est devenue presque assourdissante. Même que j'en suis venu à me dire que je terminerais mes engagements auprès de Dominique et compagnie et que je déposerais mon stylo.

D'où vient ce sentiment d'imposture? Pourquoi cette incapacité à assumer pleinement le "statut" d'artiste que je chéris tant? Je ne sais pas. En revanche, je réalise que je carbure à la reconnaissance (encore une fois, je n'ai que des hypothèses sur les origines de ce besoin). 

J'ai besoin d'être reconnu, d'être aimé, qu'on me trouve bon et beau. 

Souvent. 

Tout le temps. 

C'est vrai dans de nombreux aspects de ma vie, mais, en littérature, ça l'est encore plus.

C'est devenu évident avec la parution de mes deux derniers livres : "Niska" et "Tristan au pays des géants". Le peu de couverture (deux critiques pour le premier et aucune pour le second) et les ventes modestes (surtout du premier), je dois l'avouer, m'ont plongé dans un marasme créatif et m'ont enlevé tout enthousiasme pour l'écriture, à un point tel que la rédaction de la suite de "Tristan au pays des géants" s'est transformée en supplice.

La faute à quoi? Au succès de Mamadi, qui aurait gonflé mes attentes?  Au fait que je n'ai pas cette facilité à produire du texte que d'autres semblent avoir? À celui que je ne ressens pas de plaisir particulier à taper sur mon clavier?

Suis-je un écrivain si mon plaisir, je le tire surtout de la reconnaissance?

Je ne sais pas.

Je ne sais plus.


N'empêche que le ciel gris de ce printemps pluvieux s'est éclairci ce samedi. Un message sur mon répondeur m'annonçait que mon "Niska", mon meilleur roman à date selon moi, a été retenu pour un prix gigantesquement prestigieux. Malheureusement, je dois maintenir le secret sur la nature dudit prix jusqu'à l'annonce officielle, qui devrait arriver en septembre.


Ça me comble de joie, bien sûr. 

Et ça fait naître un million de projets... Aurai-je la force et la patience de les mener à terme? Seul l'avenir saura le dire. À moins que je ne trouve d'ici-là une réponse définitive à ma question...

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