mercredi 12 février 2014

Lettre à moi-même


J’écris cette lettre pour moi-même, histoire de faire le point sur ce qui va et ne va pas dans ma pratique d’écriture. 

Sûr qu’avec le temps et l’expérience, nombre de problèmes liés à mon art se sont évaporés comme l’eau au soleil. Et je suis fier de m’être tenu jusqu’à présent loin du sentiment de satisfaction qui guette l’artisan, mais qui est l’ennemi de l’artiste. Et j’ai la prétention d’être un artiste. En effet, j’ai le sentiment sincère de me renouveler et cette préoccupation qui m’est chère se trouve au cœur de ma démarche. Je me garde de racoler, de vouloir séduire. Je dis, je conte à ma manière et en essayant de renouveler mon art. Je suis fier de ça.

Il a coulé beaucoup d’eau, une eau teintée de reconnaissances qui pourraient faire l’envie de quelques uns. Pas de tous, d’autres sont beaucoup plus décorés et reconnus que moi. Il y a quand même de quoi jeter un œil assez satisfait sur le chemin parcouru et ma situation me sied très bien. 

Mais regarder derrière n’aide en rien à avancer. Comme dirait le philosophe, l’avenir se trouve devant. C’est là que se dresse la montagne. Et les périls y sont nombreux.

Mes occupations quotidiennes sont multiples et, trop souvent, la littérature n’y trouve pas sa place. La régularité me fait défaut et c’est là, à mon sens, qu’il y a le plus à faire. Bêtement, il faudrait me bâtir un horaire et le respecter. Si écrire revêt une importance pour moi, je dois y consacrer l'énergie nécessaire  et placer cette activité en tête de la liste de mes priorités. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Pas assez souvent du moins.

Deuxième point à améliorer : me concentrer sur un projet à la fois. C’est sans doute l’élément crucial des problèmes que je rencontre. Si Dany Laferrière se définit comme le titreur le plus rapide d’Amérique, je suis sans doute un tireur d’élite dans la catégorie des nouvelles idées. Mais le problème inhérent à cette imagination foisonnante est que je change de projet comme je change de chemise, de sorte que, à la moindre difficulté, j’ai tendance à passer à autre chose. Il y a, dans mon ordinateur, des dizaines de romans, contes ou nouvelles entamés et laissés en chantier. Tous des livres qui, au moment de me mettre à leur rédaction, valaient la peine d’être écrits. Des avortons d’histoires qui n’ont pas dépassé leur stade embryonnaire. Un gâchis. Et pour chacune, une ou plusieurs excuses. Suis-je le roi des pleutres?

Indéfendable.

Je dois aller au bout de mes idées, bonnes ou mauvaises et écrire en faisant fi des difficultés. Remettre mon ouvrage cent fois sur le métier. Si le premier jet est maladroit ou sujet à des réserves, je dois passer outre et laisser naître le texte. Tous les accouchements ne peuvent être faciles, autrement, le génie serait l’apanage de tous! À chercher la facilité, c’est mon génie à moi qui souffre. Alors, voilà : pour les prochains six mois, je me fais la promesse de reprendre une de ces histoires échouées et d’y travailler chaque jour. Jusqu’à ce qu’elle vive.

Lire aussi. 

Je lis, bien sûr, mais trop peu. À l’horaire, je dois également prévoir une période de lecture quotidienne. Un test réservé au ressourcement dans tous ces livres que je n’ai pas encore lus. Je vais en faire la liste, tiens! Me les procurer et les classer en ordre de priorité. 

Ça commence demain.

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