samedi 1 septembre 2018

La naissance de Tristan

La série Tristan, au départ n'en était pas une.

J'avais été saisi en voyant mon garçon s'éloigner vers sa nouvelle école et l'image de le voir tout petit dans un monde trop grand pour lui m'était apparue. Je me suis dit qu'elle était belle, cette image, et que de jouer sur la perception qu'on peut avoir de notre environnement pourrait être chouette d'un point de vue narratif.

Le point de départ était donc mes craintes au sujet de l'adaptation de mon fils à sa nouvelle école. Par bonheur, il n'y a rencontré aucune difficulté. Toutefois, ceux qui suivent ce blogue depuis le début se rappelleront que ma principale préoccupation à écrire est l'exploration de l'être humain dans ses états limites; j'écris pour comprendre la bête que nous sommes, en somme. J'étais donc décidé à explorer comment cet enfant (qui allait devenir Tristan) pourrait vivre et, surtout vaincre ce problème à la fois simple et complexe. La clé m'est apparue assez claire (et pour tout dire, c'est plutôt évident et bien documenté!) : briser l'isolement. Un enfant seul est une victime. Il suffit de briser l'isolement pour que, déjà, le problème trouve une part de résolution. Passer de l'individu au groupe, donc.

Mon concept en était un eu sur l'image et la perception. L'image de la guilde de chevalier, comme modèle du groupe d'amis luttant contre l'adversité, s'est imposée rapidement. Il me fallait une guilde de chevaliers magiques. Et tout à coup, j'ai eu cette idée d'aller piger dans les références des romans de chevalerie et de la littérature médiévale. Le cycle arthurien et le Graal, Rabelais et ses géants, les fées.

Je tenais quelque chose.

Je me suis donc lancé.

Frénétiquement.

J'écrivais soir et matin y consacrant chaque minute de mes temps libres.

Les chevaliers se fédérant autour d'une cause, la mienne serait l'amitié. Mais il me fallait mon Graal! L'objet représentant tout ce qu'elle a de noble et détenant l'espoir ainsi que le pouvoir ultime capable de venir à bout de tous les maux! L'amitié est belle. Elle n'a pas de valeur en dehors de la pureté de sa forme. Comme les billes avec lesquelles jouent les enfants depuis... l'Antiquité! Un jouet qu'on trouve partout de nos jours, mais qui a fait partie du quotidien des enfants de toutes les époques et de toutes les parties du monde! Les billes de verre seraient mon Graal. Après tout, les billes, on les échange, on les gagne et on les perd, on les trouve belles, on s'y attache, elles n'appartiennent à aucune classe sociale et ne renferment aucune technologie. Elles sont à la portée de tous et placent tous les enfants sur le même pied. Elles ont tout ça en commun avec l'amitié: une allégorie parfaite!

Mon univers serait tout à fait réaliste (l'école, la maison, la cour) mais traité à la sauce merveilleuse du douzième siècle à travers l'imagination de mon protagoniste anonyme. Parce que, il faut bien le dire, et je trouvais important de ne pas révéler le nom de mon personnage, qui était alors Arthur, en cours de récit. Mon personnage souffrant devait finir en tant que roi! Et, j'ai toujours cru que de ne pas nommer permettait une plus grande identification de la part du lecteur.

J'ai écrit le texte et je l'ai aimé. Beaucoup, même. Je l'ai fait lire à plusieurs personnes (Magali Laurent, Diane Groulx, Jessie Chrétien), qui m'ont convaincu que "Chevaliers de la bille en verre" était digne d'intérêt.

La maison d'édition à laquelle je l'ai d'abord proposé s'est montrée très intéressée, mais pour des raisons de ligne éditoriale qui auraient affecté les noms de mes personnages, et donc mon univers de référence (le monde de l'édition est rempli de contraintes qu'il faut comprendre et respecter), j'ai décidé d'aller voir ailleurs. Pour être bref, le projet a atterri chez Dominique et compagnie.

Ils m'ont proposé d'en faire une série.

J'ai d'abord refusé. Je voyais mal comment réinvestir cet univers complexe sans me répéter.

Je garderai les raisons de mon changement d'idée pour le prochain billet sur Tristan, histoire de ne pas être trop long et d'avoir encore des choses à dire.

Si ce livre vous intéresse, vous pouvez vous le procurer en cliquant ici.

Anecdote à propos de ce titre : 

Comme je l'ai dit plus haut, le titre d'origine de ce livre était "Chevaliers de la bille en verre" et le personnage principal se prénommait Arthur. Or, Dominique et compagnie possédait (et possède toujours!) une collection à ce nom. J'étais réticent à changer le nom de mon personnage. Je tenais au côté chevalerie de mon récit et j'avais tourné le dos à un éditeur pour préserver mon concept... On a discuté, tourné le problème dans tous les sens et soudain, Agnès, la directrice littéraire responsable du projet, est arrivée avec l'idée de Tristan. Tristan aussi est un chevalier! Et c'est justement ce nouveau prénom qui m'a permis d'imaginer la suite de la série! Mais ça aussi, ça fera l'objet d'un nouveau billet.

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