jeudi 8 janvier 2015

Charlie hebdo

Le mercredi 7 janvier 2015. Paris.

Il est midi. Toute l'équipe d'un journal vient d'être éliminée, abattue froidement par deux tireurs encagoulés. Pour des idées. Pour une poignée de dessins et de textes.

Ce sont les faits.

C'est d'un ridicule aberrant. Pathétique. Injuste. Absurde.

Le constat est indéniable : parler, défendre une position, c'est risquer sa vie.

On pourrait disserter sur la responsabilité des uns et des autres dans cette affaire, accuser à tort ou à raison l'islam, la droite catholique, remettre en cause la justice sociale, resserrer les mesures de sécurité, augmenter ou diminuer la censure, prier, pleurer, aimer ou haïr, rien n'y changerait : des hommes et des femmes sont morts hier pour avoir tenu et défendu un journal. Leur emploi.

La liberté de penser et de dire est ce qui définit les sociétés occidentales. Et elle a été payée chèrement. Voltaire a été embastillé à plusieurs reprises. Havel a été emprisonné. Hugo a dû s'exiler. Socrate a bu de la ciguë. Mais ils ne se sont pas tus. Au contraire, ils ont donné à l'Occident l'opportunité de voir naître et fleurir l'humanisme par la remise en question des dogmes et de l'ordre établi. Ils ont apporté un point de vue nouveau à des société sclérosées et passéistes. Ils ont rangé Dieu sur la tablette qui lui revient, juste à côté de l'alchimie et de la pensée magique.

On a persécuté les écrivains et les penseurs de tout temps, mais on n'a jamais réussi à les faire taire.

Je ne veux pas faire des collaborateurs de Charlie Hebdo des martyres, je déteste ce terme empreint de religiosité. Je ne veux pas non plus en faire des intellectuels influents ni même défendre leur idées. Pour être clair, j'ai toujours cru qu'ils allaient loin et qu'ils poussaient les limites de la provocation en publiant certaines de leurs caricatures. Mais ce n'est ni plus ni moins qu'une opinion. Même si je comprenais la colère de certains devant ces images dures et cet humour acide, jamais il ne me serait venu à l'idée que quelque chose d'aussi irréversible que la mort ait pu en découler. Je respectais leur liberté et leur droit. Je n'ai pas changé d'idée aujourd'hui.

Puis Dieu s'est mêlé de l'affaire.

Ou plutôt, des illuminés se sont déchargés de leur propre folie en la justifiant de cette invention humaine qu'est Dieu.

Dieu est amour et tolérance. Mon oeil!

Dieu est la raison qui permet aux hommes de justifier l'idée de puissance qu'ils ont d'eux-mêmes. Dieu donne la Voie à suivre, la Vérité implacable. Et celui qui la détient a tous les droits. Il en a plus que celui qui vit dans l'erreur en tout cas. Dès lors, le croyant s'arroge le droit de mépriser l'impie.

Dieu divise.

Dieu est un enculé.

Le jeudi 8 janvier 2015. En France, toujours.

Trois centres culturels musulmans ont été saccagés. Des représailles aux gestes de la veille. Évidemment. Marine Lepen a pris la parole pour attiser la terreur du peuple ébranlé. Sarko a fait de même, champion de la sécurité. On cultive la peur. Les terroristes ont remporté la bataille.

Ici, au Québec, on a peur aussi. Mais de qui? Il est bien là le problème. On va remettre Dieu là-dedans et se convaincre qu'on a raison de mettre ça sur le dos de l'islam. Les catholiques, les protestants et les juifs vont en profiter pour oublier leur précepte de base : traite ton prochain comme toi-même. Les musulmans vont crier à l'islamophobie. Et tous feront porter l'odieux d'un acte de violence isolé à d'autres humains. Simplement. Comme toujours.

Et chacun oubliera qu'au-dessus de tout, en Occident, il y a le droit. Pas celui de Dieu. non. Celui tout humain que chaque société a su opposer à la barbarie des rois et des goujats qui ont gouverné de droit divin. Au-dessus de tout, il y a la justice des hommes. Et c'est là que réside le Salut, le vrai. Je souhaite de tout coeur que  la justice suivra son cours. Qu'on mettra la main au collet des assassins et de tous les imbéciles qui vont profiter de cet événement pour justifier leur haine. Et qu'on les privera de soleil pour très, très longtemps.

Dieu est un con. Mort aux cons.

Qu'ils aillent se faire foutre.

2 commentaires:

  1. Ben oui, pointons du doigt les méchants Québécois niaiseux qui s'inquiètent des centres islamiques qui enseignent aux enfants musulmans à haïr les enfants québécois. Tout ça est normal.

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    1. Il faut simplement condamner tout enseignement haineux, qu'il soit proféré par les musulmans, les juifs, les chrétiens, les Québécois, les Amérindiens, les Ontariens, les Chiliens. Mon propos est surtout adressé à ceux qui croient juste d'excuser ces enseignements par leur croyance en une version de Dieu ou une autre. Je ne vois pas au-delà de ce point. Je ne traite personne de niaiseux, je suis Québécois et franchement très fier de l'être. Ce qui m'insulte, c'est Dieu et son instrumentalisation.

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