mercredi 29 mai 2013

Écrire en série...

Je n'ai jamais écrit de séries, jamais même songer à le faire. Pourtant, ce matin, je me lance dans l'écriture d'un tome 2. 

Pour la première fois.

Ça me fait drôle. Même que ça me trouble un peu.

Je n'ai jamais apprécié les histoires qui ne finissent pas. J'aime d'un livre qu'il se lise comme une bulle d'humanité, une rencontre qui s'ouvre sur la première page et qui se clôt en refermant la couverture. J'aime les histoires qui bercent un temps, puis s'endorment sur la tablette de la bibliothèque en laissant un souvenir qui s'éveille au moment où on pose les yeux sur leur épine, colonne vertébrale de la trace du moment qu'on a passé avec eux.

Mais les séries? À part au hockey, très peu pour moi.


Jeune adulte, j'ai bien lu les quatre premiers tomes de la je-sais-pas-trop-combien-logie des Malaussène, de Daniel Pennac, avant de m'en lasser; puis la trilogie d'Ernesto Sabato, qui, elle, est véritablement magistrale.


Je pense bien que ça fait le tour de mon expérience dans le domaine.

J'ai toujours eu l'impression que les série étaient une forme maquillée de mercantilisme qui tient le lecteur en otage, un peu comme la carotte qui force le baudet à avancer et qui permet à celui qui tient le bâton de tirer profit de la naïveté de l'animal. J'ai toujours cru qu'elles étaient le symptôme le plus criant de l'incapacité d'un auteur à se renouveler, un préjugé pleinement assumé.

Sauf que les séries, ça marche. Et c'est, mises à part quelques exceptions, ce qui permet aux auteurs de vivre de leur art et, ma foi, de se consacrer à des projets plus ambitieux et substantiels!

Les séries, ça marche. En littérature pour la jeunesse, surtout.

Mes enfants sont jeunes et ils en lisent, des séries. Merde. J'aimerais bien qu'ils lisent autre chose, mais, vous savez comment ils sont, les enfants : veulent toujours faire comme celui d'à côté. Et celui d'à côté, ce qu'il lit, c'est justement le tome 4 d'une série!

Mes gars sont fiers d'avoir un papa écrivain. Même si à peu près personne ne lit ce que j'écris. Même pas eux, au final.

J'ai envie de faire plaisir à mes enfants. De bercer leur imaginaire à mon tour avec un personnage qu'ils suivront comme un âne sa carotte. De me servir de mon métier pour leur plaire, les faire rêver un peu. En faire rêver d'autres, peut-être, au passage.

Pas nécessairement artistique comme démarche, j'en conviens.

Mais paternel, en tout cas.

jeudi 23 mai 2013

Concours du 2000ième visiteur, suite et fin

Il y a une semaine, Papiers épars franchissait le cap des 2000 visites. Dans une envolée enthousiaste, j'ai décidé d'organiser ce concours offrant à l'auteur du meilleur commentaire publié une de mes publications au choix.

Eh bien! le concours est terminé. J'ai lu chacun des commentaires avec plaisir. Chacun fait chaud au coeur à sa façon, mais deux d'entre eux se sont distingués et ont rendu le choix difficile (vous pouvez les lire sur Une paternité nouvellement assumée).

Mais comme il fallait choisir...

La gagnante est Dannie Rousseau, qui raconte le trajet qu'a dû suivre La clé de la nuit pour atteindre sa table de chevet, puis sa bibliothèque. Je trouve plus que joli d'avoir décidé de parler de ce roman d'aventure en en contant... l'aventure, justement! Intéressant également pour un auteur de constater que son livre voyage un peu partout sur la planète.

Bref, ce sont en gros les raisons qui ont motivé mon choix.

La gagnante, elle, a choisi La malédiction de Carcajou, le seul qu'elle n'avait pas encore. Il est dédicacé, l'enveloppe est scellée et sera déposée à la poste aujourd'hui même.

En attendant que le livre trouve son chemin jusqu'à chez elle, je remercie tous les participants de l'intérêt qu'ils ont manifesté et des bons mots qu'ils se sont donné la peine de me partager.

Merci mille fois à tous, même à toi! Oui, toi qui te caches derrière l'écran de ton ordinateur!

Étienne

mercredi 15 mai 2013

2000 visiteurs!


Selon les statistiques officielles de Blogger.com, "Papiers épars" a accueilli son deux-millième visiteur aujourd'hui. Parmi ceux-ci, on compte des lecteurs, des amis, des gens curieux de connaître un peu mieux mon travail d'écrivain, des googleurs égarés et, sans doute, quelques robots spameurs est-européens.


Je tiens à les remercier tous.

Et voilà qui me donne envie de vous offrir un cadeau. Tiens, j'offre un de mes livres au choix (La clé de la nuit, L'envol du pygargue ou encore La malédiction de Carcajou) à celui ou à celle qui laissera le meilleur commentaire sur le billet de son choix d'ici le 22 mai. Le livre sera envoyé par la poste régulière une fois le concours terminé, peu importe le lieu de résidence le l'auteur du commentaire, promis. Il vous suffira de laisser une adresse courriel (afin que je puisse vous rejoindre pour obtenir vos coordonnées postales) dans votre message.

Composition du jury : moi.

Soyez nombreux à participer et bonne chance!
 

jeudi 9 mai 2013

Écrire, cette drôle de bête

Ceux qui, comme moi, s'intéressent à l'écriture narrative seront enchantés d'apprendre que tout plein d'auteurs ont participé à une initiative, simple mais ô combien intéressante, de la blogueuse Marie-Jo, du blogue Interviews d'auteurs Québécois (interviews-auteurs-quebecois.blogspot.ca). La proposition était la suivante : répondre à trois questions apparemment simples : comment se préparer avant d'écrire les premières lignes de son manuscrit; comment rendre son roman captivant; comment augmenter les chances que son manuscrit soit sélectionné par un éditeur.

Les réponses sont regroupées dans un document PDF, disponibles pour téléchargement et gratuites. Il ne suffit que de cliquer sur l'icône "Des auteurs québécois vous répondent!" pour les lire.

Si vous êtes curieux de lire les miennes, elles s'y trouvent.

Vous pouvez aussi lire l'entrevue que je lui ai accordée l'automne dernier en suivant le lien qui suit : http://interviews-auteurs-quebecois.blogspot.ca/2012/11/etienne-poirier-auteur.html.

mardi 30 avril 2013

Zoom sur zoizos z'urbains




J'ai eu la chance de m'éclater avec l'artiste Marie-Josée Maltais et de mettre sur pied une exposition de peinture - ceux et celles qui me connaissent bien savent à quel point j'aime les arts picturaux!

Le concept est le suivant : exposer les affiches commerciales d'un village d'oiseaux. Dès le 5 mai 2013, en franchissant les portes du Café-Cognac, vous aurez la chance d'expérimenter une promenade dans les rues de Saint-Pit.

Venez nombreux et partagez le plaisir que nous avons eu, Marie-Josée et moi, à mettre en scène cet univers volatile.

jeudi 18 avril 2013

L'imposture


Les écrivains sont des personnages plus grands que nature, leur métier est noble, leur oeuvre est essentielle à la compréhension du rapport entre les humains.


Ils ne sont pas tous comme ça, je le concède.

Mais ceux à qui je m'identifie (attention : je n'ai surtout pas dit "à qui je me compare"!) le sont. Je fais référence aux Garcia Marquez, Anne Hébert, Kafka, Kundera, Aquin, Vargas Llosa, Shakespeare, Hemingway, Ferron, Laferrière et la liste pourrait s'étirer.

Un mythe les entoure. Et c'est intimidant.

Leur poids me pèse à chaque fois que je m'installe devant mon ordinateur pour écrire. Je souffre d'un sentiment d'imposture qui me rend mal à l'aise vis-à-vis de mon propre exercice d'écriture. Une impression constante de ne pas être à la hauteur.

Il devient évident qu'il s'agit d'un sentiment dont je devrai m'affranchir un jour ou l'autre. J'ai pris l'habitude de m'éclairer à la lumière de leur aura, je dois constater qu'ils me font ombrage, que les livres qu'ils ont écrit n'ont pas nécessairement besoin de la majuscule dans leur titre. Que la grandeur de leur auteur, si elle existe toutefois, réside dans le geste qu'ils ont posé maintes fois et qui consiste simplement à aligner des mots et à faire vivre un univers empreint de leur propre humanité, bref à écrire. Et que ça, ça m'est permis. Il faut que ça le soit. 

J'ai écrit plus tôt que j'avais du mal à me mettre au travail sans avoir l'impression de produire quelque chose de majeur.

C'est encore vrai.

Et c'est lourd.

Peut-être est-il temps que ça cesse et que je me contente finalement de faire ce foutu livre auquel je me butte depuis trop longtemps. Ce sera ça de fait. De toute manière la taille de la majuscule dans le titre sera déterminée par d'autres...

Mais en attendant, elles me brûlent les doigts, les touches de mon clavier...


vendredi 5 avril 2013

Une paternité nouvellement assumée


Étrange le point de vue qu'on a sur les choses.

Hier, j'ai discuté, avec la bibliothécaire d'une école que je dois visiter en mai, de mon roman La clé de la nuit. Elle me disait à quel point sa lecture l'a passionnée et combien elle a adoré cette oeuvre. Elle n'avait que de bons mots à mon endroit et je l'en remercie. Sauf que cet échange m'a un peu déstabilisé, parce que je ne partageais pas, mais alors pas du tout son opinion.

Alors, j'ai décidé de me taire et de l'écouter.

Et c'est là que ça devient intéressant.

Bien sûr, ce texte a des qualités reconnues, il a été sélectionné par Communication-Jeunesse, un organisme crédible et influent dans le milieu de la littérature pour la jeunesse, lors de sa parution. C'est un roman qui plaît en général et qui, somme toute, a été assez bon pour qu'un éditeur y risque ses deniers.

C'est ça de pris.

Sauf qu'il s'agit d'une oeuvre dont j'ai du mal à assumer la paternité, contrairement à L'envol du pygargue, sa suite.

J'ai écrit La clé de la nuit comme on joue à un jeu. Jusqu'alors, je n'avais publié que des nouvelles dans des revues spécialisées (vous pouvez en trouver les liens dans la rubrique Bibliographie de ce blogue), des trucs à mille lieues de ce roman. Au départ, mon projet était le suivant : écrire une oeuvre littéraire destinée aux élèves de l'école où je travaillais. Il n'avait que des visées didactiques. Puis, je me suis lancé un défi : pour la première fois de ma vie, j'ai désiré faire long; voir si je pouvais pousser un récit plus loin qu'un flash, qu'un moment isolé de la vie, bref m'extirper de la brièveté. Ce que j'ai fait, mais sans autre ambition. L'idée de contacter des éditeurs et d'en faire un livre bien réel n'est venue qu'après. Mon enjeu n'était que d'aligner les phrases et de produire un récit d'aventure, une séquence d'événements dans un ordre logique, ce qui a eu pour effet de me tenir loin de la proximité du lien personnel entre l'auteur et le texte que je crois essentielle à la qualité de la narration et qui fait la grandeur des oeuvres.

Du moins, ça, c'est mon point de vue.

J'ai même essayé de le relire, ce livre. Une fois. Et j'en ai été incapable.  

L'inverse s'est produit lors de l'écriture de L'envol. Cette fois, c'est la nécessité qui m'a poussé à écrire. J'avais le sentiment de devoir le produire. D'avoir quelque chose à dire. D'être dedans à chaque page. Je m'y suis plongé sans pudeur, je m'y suis bousculé, mis à l'épreuve, j'ai vécu à travers son écriture. Il fallait que je le fasse. Et j'ai le sentiment d'avoir atteint quelque chose de fondamental en l'écrivant, quelque chose de profondément humain qui me ressemble à moi, mais qui va au delà de moi-même. Bref, celui-ci, je l'ai relu avec plaisir et satisfaction.

Mais ça aussi, ce n'est que mon point de vue.

Si on croit, comme je le fais, que l'oeuvre littéraire n'existe que dans les yeux de celui ou celle qui la lit, mon point de vue ne vaut guère plus que celui de quelque lecteur que ce soit. Et c'est peut-être dans cette proximité-là que je dois reconnaître la valeur de La clé de la nuit, et ce, même si l'exercice s'avère impossible puisque, au bout du compte, la seule paire d'yeux que je possède, c'est la mienne.

Au final, tout ce que je peux faire, c'est de croire sur parole les commentaires bons ou mauvais. Et de laisser parler.

Et c'est ce que j'ai fait hier. Je n'ai pas offert de résistance. J'ai oublié mon insatisfaction à l'égard de mon livre. Et ça m'a réconcilié. Un peu à la manière d'un père borné qui réalise tout à coup la valeur de son fils mal aimé. J'assume mieux et je reconnais, finalement, les qualités que recèle La clé de la nuit. J'ai laissé parler Caroline et je me suis abreuvé à son enthousiasme. Je l'ai écouté venir au monde dans ses mots à elle, je l'ai relu avec ses yeux.

En quelque sorte.

Et, soudainement, je l'ai aimé pour ce qu'il est.

Merci Caroline.